Uppercut, coup de coeur au festival Trente Trente

Retour sur UPPERCUT / Les Filles Mal Gardées : 15 minutes chorégraphiées par la Cie Rêvolution.

Trois danseuses sur pointes au regard insolent occupent la place sur un ring métallique scénographié par Florent Blanchon et réalisé par les ateliers de l’Opéra de Bordeaux. Le public lui, est dispersé tout autour de cette ossature d’acier. La représentation se fait à 360°. Cette structure est un point central du spectacle : le sol cabossé met en danger les danseuses (qui exécutent des mouvements contemporains, pointes aux pieds). L’exiguïté de l’espace alloué par ce « ring » ou cette « cage » crée un sentiment de proximité presque dangereux entre les performeuses. Les arabesques de l’une caressent redoutablement le visage de l’autre ; les ports de bras de la troisième sont prêts à heurter la première… Une chorégraphie qui se veut surement loin des grandes scènes des opéras dans son rapport à l’espace. Loin des grandes envolées des danseurs classiques, la promiscuité donne cependant du caractère aux moindres mouvements.

Le silence est un son

La vigueur de cette chorégraphie est sublimée par les sons : la musique électronique est entrecoupée par des temps de silence. Le rythme est alors donné par les percussions émanant des menées exécutées par les danseuses. Le souffle prend là aussi une grande importance dans l’univers sonore de la pièce : les danseuses essoufflées assument et dévoilent la difficulté que demande la performance. Loin des grands sourires des danseurs classiques perchés sur leurs ballerines, les visages sont durs et semblent exhiber une certaine défiance. Les yeux plongés parfois dans ceux des spectateurs, on sent comme une envie de provoquer. Pourtant, la chorégraphie embarque le public aux quatre coins de la salle.

© Pierre Planchenault

Pointes et bombers

Avec Uppercut / Les Filles Mal Gardées, on en finit avec les clichés des tutus plateaux, des strass et corps stéréotypés. Les danseuses sont sur pointes oui, mais dansent du contemporain en tenue d’échauffement : l’une porte un bombers avec un short, l’autre un jean et la troisième un haut de type maillot de basket. Le contraste de ces costumes avec les chaussons aux bouts de bois permet de détacher l’association pointes/danse classique. D’ailleurs, les corps ne sont pas tous taillés dans les normes du ballet. Et c’est ça qui est beau ! Chaque danseuse dévoile sa personnalité au travers de son corps, de ses mouvements, de ses mimiques.

Finalement, c’est en sublimant l’ensemble par l’imparfait que les filles mal gardées en ressortent plus fortes, et la chorégraphie plus belle. Les femmes qui ont des défauts ne sont elles pas plus belles et plus charmantes que celles qui n’en présentent aucun ?

Avec Uppercut / Les Filles Mal Gardées, Anthony Egéa signe une pièce imparfaite qui se conjugue merveilleusement avec la beauté.

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