Après La moussaka de Desdemona d’après Jeffrey Eugenides, Les tourtes d’Irène d’après Chuck Palahniuk, le collectif Crypsum nous offrira son troisième opus culinaire avec le Banquet du siècle ce dimanche 22 Mai à la Manufacture Atlantique.
« Oui, l’imprévisible chef bulgare adorait la faim et haïssait l’appétit. L’appétit était l’expression d’un monde repu et satisfait, prêt à la reddition. Un peuple qui savoure au lieu de manger, qui grappille au lieu de se rassasier, est déjà mort et il ne le sait pas. La faim est synonyme de vie. Sans la faim, l’être humain n’est que l’apparence de lui-même et par conséquent, il s’ennuie et se met à philosophailler. Et Zoltan Patrovic abominait la philosophie. Surtout celle qu’on appliquait à la cuisine. Il regrettait la guerre, les famines, la pauvreté. Bientôt, il vendrait tout le saint-frusquin et irait s’installer en Éthiopie. » Niccolo Ammaniti
Par l’adaptation théâtrale de Che la festa cominci, roman de Niccolo Ammaniti, le collectif Crypsum passe à l’acte en suivant les trajectoires truculentes d’une poignée de personnages loufoques, grandiloquents et dégénérés. A travers les déroutes, d’une secte sataniste minable en quête de sacrifice humain et d’un romancier narcissique en panne d’inspiration, vous participerez au banquet le plus décadent du siècle. Une pincée d’humour noir, un zeste de grotesque, le tout agrémenté d’une orgie sacrificielle bling-bling. Ego, superficialité, vulgarité, médiatisation à outrance et jeu de massacre auscultent la comédie humaine et sa savoureuse violence.
Le collectif Crypsum a le vent en poupe en cette saison 2016, après son succès au TNBA, pour Ils vécurent tous horriblement et eurent beaucoup de tourments, il ne cesse de nous étonner. Avec un projet mêlant théâtre opulent, exposition Bacchanales du Musée des Beaux Arts et préparation culinaire du lycée hôtelier de Gascogne, le collectif n’y va pas avec le dos de la cuillère : pendant le repas, Olivier Waibel et Alexandre Cardin orchestrent texte, dégustation, réflexion et spectacle.
Dans le rythme effréné de quelques semaines, tout s’organise : répétitions intenses à la Manufacture Atlantique, organisation du repas et du service avec le lycée de Gascogne, timing des divers numéros circassiens, insertion dans le texte du numéro d’effeuillages burlesque, mise en espace d’impromptus circassiens.
Et dans cette cadence créative débridée, s’inscrit trois rencontres de 3 heures pour la finalisation des répétions avec les serveurs/comédiens. Car les lycéens ne se contentent pas de servir, douze d’entre eux jouent également. Ils s’appellent Adrien, Razostan, JB, Teddy ou Océane… en CAP hôtellerie option théâtre, ils ont pu découvrir avec passion ce texte qui décrie la manipulation des masses par le média télévisuel. Jeunesse non dorée empreinte de télé réalité et de stars du show business, ils participent dans une joyeuse ambiance à ce projet exigeant. Soutenus par Didier Jean Jean et Amnie Smihi, professeurs du lycée, ils font partie intégrante de ce fameux festin orgiaque organisé au sein de l’espace de création contemporaine de la Manufacture Atlantique .
Extrait d’une répétition « On va faire une Italienne, vous savez ce que c’est ? » «Oh ! Oh ! Ohoh ! Je t’aime à l’italienne !!!!!! »
Et moi, d’observer cette frénésie en vous donnant pêle-mêle tous les ingrédients. Curieuse de cette singulière recette et des saveurs qui en jailliront ce dimanche 22 Mai à la Manufacture Atlantique. Alors gastronomes de l’art, allez découvrir cette dangereuse réjouissance, vous m’en direz des nouvelles !
LE BANQUET DU SIÈCLE Dimanche 22 mai 2016 à 13h à la Manufacture Atlantique
Conception : Alexandre Cardin, Olivier Waibel / Avec : Alexis Caillot, Miren Lassus Olasagasti, Emmanuel Matte, Julie Teuf / Costumes et accessoires : Wilfrid Belloc / Son et lumière : Benoît Lepage / Production et diffusion : Améla Alihodzic / Playtime.