Bordeaux Rock : rencontres

Avant d’aborder les projets à venir, on a souhaité en savoir plus sur la genèse de l’emblématique association et du festival éponyme, à l’occasion de sa 12ème édition qui se déroule du 21 au 24 janvier.

Une fois n’est pas coutume : Bordeaux Rock est de retour en ce début d’année pour, encore en 2016, nous envoyer en l’air ! Quatre soirées, onze lieux pour en prendre plein les yeux et les oreilles. La douzième édition du festival aura pour ambition de faire bouger la ville aux sons rock, pop et électro, rigoureusement sélectionnés par l’équipe.

Pour l’occasion, nous avons rencontré José Ruiz, président, Richard Berthou, vice-président, mais aussi Gaspard, impliqué dans l’association depuis quelques mois.

Un peu d’histoire, un avant goût du prochain festival (du 21 au 24 janvier) et des ambitieux projets pour 2016.

Bordeaux-Rock-logo

José, en tant que président et fondateur, racontez-moi la genèse de Bordeaux Rock, et son évolution dans le temps :

Bordeaux Rock est né de l’envie que j’avais de rappeler ou de signaler combien Bordeaux avait écrit une page importante de l’histoire du rock en France. Nous étions en 2004, l’année où parut simultanément le livre de Denis Fouquet baptisé « Bordeaux Rock(s) ».

A la fin des années 70 et au début des années 80, j’avais fondé le groupe Les Stilettos à une période où apparurent presque simultanément, puis par jeu, nombre d’autres groupes au nom commençant par « St » : Strychnine, les Standards, les Stagiaires, Stalag, STO, etc. C’était même devenu la marque de fabrique du rock fait ici. Peu après cette vague, apparurent également les Exemples, qui devinrent Kid Pharaon and the Lonely Ones, Noir désir, et Gamine.

Ceci pour souligner combien la scène rock de Bordeaux fut riche, dense, prolixe, durant ces années 80. Et c’est bien pour raconter et garder une trace de cette période que j’ai eu envie de constituer une association, dont le premier projet fut la publication d’un coffret de deux CDs contenant plus de 40 groupes de la période 1977/ 1987.

J’ai alors contacté quelques copains pour propulser l’aventure : Didier Mauroux, l’ex chanteur des Stagiaires, Jacques Barax, l’ex manager de Gamine, Eric Roux, le directeur de la Rock School (qui quitta l’association deux ans plus tard), Pascal Rigeade, présentateur d’émissions rock sur France 3 Aquitaine et fan de rock de Bordeaux, le dessinateur Jofo, chanteur des Cons, ou encore Richard Berthou qui s’occupa du groupe Réverbère. Et d’autres qui depuis se sont dispersés dans la nature.

L’année suivante, nous montâmes un festival qui réunissait la jeune scène rock. Et nous publiions dans la foulée un nouveau double CD, avec les groupes qui émergeaient alors : Adam Kesher, Eiffel, Luke, Calc, The Film (qui sont aujourd’hui The Shoes), etc…

Ce furent ces deux années fondatrices qui constituèrent la base de Bordeaux Rock. A partir de là, nous nous sommes attachés à mettre en valeur et à révéler les nouveaux groupes bordelais à travers nos festivals annuels, avec également les CD que nous publions, les échanges internationaux de groupes que nous avons mis en place (en amenant des groupes de Bordeaux à Saragosse, à Bologne…), etc. Aujourd’hui, Bordeaux Rock propose 3 grands rendez- vous annuels : le festival de Janvier, Musical’écran, festival de documentaires musicaux, et les Plages pop l’été à Lège Cap ferret.

Depuis la création de Bordeaux Rock, quelles ont été les évolutions notables ?

L’évolution la plus notable est la considération que nous avons gagnée auprès des autorités municipales, départementales, régionales. Et sur le plan artistique, les goûts d’Aymeric et de Richard nous ont conduit à programmer des soirées électro et des sets de DJ.

Le festival Bordeaux Rock aura lieu dans quelques jours. Réaliser un festival itinérant en ville est un défi assez unique à Bordeaux. Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’un lieu unique pour cet événement ?

Notre idée était de créer un parcours rock à travers la ville, nous trouvons plus intéressant de faire circuler les publics pour un prix modique. C’est aussi une bonne façon de mettre en avant tous les clubs qui, à longueur d’année, contribuent à la vitalité rock de cette ville.

Quels groupes doit-on découvrir (ou redécouvrir) absolument durant les 4 jours du festival Bordeaux Rock ?

J’aurais une sélection très subjective, puisque notre programme est le résultat d’un choix collectif, disparate et pluriel. Je retiendrai pour ma part Marie et les Garçons, Alizon, Hectory, Girafes et Petit Vodo, qui nous réservera une surprise le mois prochain sous le nom de The Heartland of James Pete James mais qui a accepté de se produire en one man band.

Un mot sur les projets de Bordeaux Rock pour 2016 ?

En dehors des points que j’ai déjà signalés, le festival Musical’écran prendra cette année une nouvelle dimension, il sera, je l’espère, davantage placé sous le signe des échanges internationaux – restons discrets sur ce point en cours de négociation ! Et les Plages Pop, qui est un rendez-vous très populaire qui attire à chaque édition plus de 1000 personnes à Lège Cap Ferret avec une programmation à découvrir.

Richard Berthou ©S.Goulvent

Richard Berthou ©S.Goulvent

Et vous, Gaspard et Richard, comment se définit votre implication dans Bordeaux Rock ?

Gaspard Borne
Je suis arrivé à Bordeaux Rock durant l’été 2015, et je suis en Service Civique jusqu’à fin avril. J’y fais de la communication, de la recherche de partenariats, des échanges internationaux (notamment avec la Belgique pour le festival French Pop), un peu de régie, de programmation… Un peu de tout en fait, c’est un poste relativement polyvalent, propre à beaucoup d’associations culturelles. J’ai des projets annexes : je fais partie du groupe Cockpit et du groupe Nunna Daul Isunyi, qui font partie de la nouvelle scène locale.

Gaspard Borne ©S.Goulvent

Gaspard Borne ©S.Goulvent

Richard Berthou
J’ai fondé le tout premier Bordeaux Rock en 1979 qui consistait à fournir des « mini festivals » clé en main à des organisateurs, ce qui n’a rien à voir avec l’objet actuel de l’association. A l’heure actuelle, je suis vice président de l’association et je m’occupe particulièrement du nouveau festival de documentaires musicaux Musical’écran, festival qui me tient beaucoup à cœur. Aujourd’hui, au delà de Bordeaux Rock, je fais de la lumière sur des tournages et je suis régisseur général pour des manifestations d’art numérique.

Richard Berthou ©S.Goulvent

Richard Berthou ©S.Goulvent

Quel est votre avis sur l’ouverture de Bordeaux Rock vers l’électro, la pop (French Pop, les Plages pop) et le cinéma ?

Gaspard
C’est une diversification essentielle pour une association qui existe depuis 12 ans. Pour ne pas lasser le public, il faut sans cesse se renouveler, ne pas se cloisonner et aussi être attentif aux tendances et aux goûts de notre public. De fait, je pense que la programmation de Bordeaux Rock est originale et pertinente. Pour ma part, en tant que spectateur de concerts de rock, j’ai vraiment l’impression que la jeunesse d’aujourd’hui ne s’intéresse plus au Rock au sens brut, même si on a la chance d’avoir de supers groupes de rock locaux (J.C.Satan, Year of no light …).

Richard
« Bordeaux Rock » s’appelle ainsi car dans les eighties, évidemment, le terme « rock » avait une identité hyper forte à Bordeaux (punk, post punk, rock’n’roll), il y avait une dimension très militante derrière cette musique. 35 ans après, qu’est ce que ça veut dire « le rock » ? Avec l’évolution des moyens de production, la musique est devenue très protéiforme et nous avons dû nous y adapter. On aime mélanger sur un même plateau les musiciens qui étaient là avant, ceux qui sont là maintenant et ceux qui seront là demain. Il y a un aspect très intergénérationnel : dans nos équipes, dans notre public et dans les groupes qu’on programme.

Gaspard Borne ©S.Goulvent

Gaspard Borne ©S.Goulvent

Richard Berthou ©S.Goulvent

Richard Berthou ©S.Goulvent

Et comment sont choisis les groupes que vous programmez ?

Richard
Comme je disais, on a une diversité immense de groupes aujourd’hui qui rend le travail de programmation hyper difficile. Quand je vois Aymeric qui écoute des disques, qui se renseigne sur les groupes, qui analyse … ça prend un temps fou et il faut vraiment être passionné ! Mais la complexité c’est de jauger : On programme ce qu’on aime ? On programme ce qu’aime notre public ? Bien entendu, il faut faire la balance des deux !

Alors, ça va donner quoi la prochaine édition de Bordeaux Rock du 21 au 24 janvier ?

Gaspard
Comme le veut la tradition, « Rock en Ville », la soirée inaugurale du jeudi, sera consacrée au vivier contemporain et local. On déambulera dans les bars et clubs de la ville pour admirer Gatha, Sahara (coup de cœur du French Pop), Fléau, Monarch, ou encore la sélection foisonnante des disques du Fennec (le A, Girafes et Équipe de Foot). Un circuit underground fortement recommandé pour découvrir toutes ces formations locales !

Richard
Vendredi, du côté du Block (nouveau BT59), ce sera électro avec le vétéran de Chicago Paul Johnson, sans oublier la venue exceptionnelle du prodige Francesco Tristano.

Samedi, on aura le plaisir de (re)découvrir un groupe culte des années 70 avec Marie et les Garçons sur l’iBoat avant d’y retrouver aux platines des formations plus contemporaines comme Fellini Felin et les londoniens de Mount Kimbie.

Dimanche, c’est à l’Utopia que ça se passe avec la projection du documentaire « Industrial Soundtrack for Urban Decay » de Amélie Ravalec, qui revient sur l’histoire et les acteurs qui ont permis l’émergence de la scène industrielle qui, encore aujourd’hui, continue d’irriguer de nombreux courants musicaux dont la techno.

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Clique sur la photo pour en savoir plus sur la programmation !