Madame H: #14

Notre Madame H: du mois d’avril est Ophélie Jeanne !

Ophélie Jeanne Colomb
Militante Ecologiste

H • • • ­ Qu’est-ce qui te fait lever le matin ?

J’arrive difficilement à me lever le matin, quelle que soit la raison, ce n’est jamais bien tôt. Beaucoup de causes, d’envies, de passions m’animent. Mais j’ai une tendance maladive à rester clouée au lit quand j’envisage tout ce qui m’entend dans une journée et le monde dans lequel on vit. Ce sont les choses concrètes qui m’aident à me lever comme un cours à donner à la fac, mes engagement militants, la personnes qui partage mes nuits qui s’enfuit, une proposition d’un thé à la menthe ou la promesse de désobéir.

A • • • Petite, que voulais tu faire plus grande ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, je voulais être Maman et « Mannequinne ». Je l’accepte à présent parce que c’est à l’opposé de la féministe que je suis, de ma timidité et de ma non-confiance maladive d’aujourd’hui. Mais quand on se penche un peu plus sur mes mots d’enfant, je ne comprenais pas pourquoi on utilisait « mannequin » pour parler des « modèles féminins » pourquoi on ne féminisait pas les mots. Je sentais bien que quelque chose ne tournait pas rond pour les femmes. Ce n’était qu’un début. Passé l’innocence de l’enfance, j’ai pris conscience des stéréotypes de genre, du harcèlement de rue, du rapport à mon corps qui me tourmentait, de la langue française sexiste et patriarcale. En ce qui concerne la maternité ce n’est vraiment pas à l’ordre du jour.

P • • • Qu’est-ce que tu faisais il y a 10 ans ?

J’étais en pleine transition, j’allais sortir du collège pour entrée au lycée. J’étais morte de trouille et murée dans mon silence, végétarienne, toujours le nez dans un livre, pétrie d’angoisses. Je portais toute la misère du monde sur mes épaules. Toujours la même ?

P • • • ­ Bordeaux, vieille bourgeoise ou punk qui vit dans les caves ?

Une bourgeoise qui vit dans ses caves, une vieille punk qui ne demande qu’à vivre. Mais c’est peut être aussi a nous de déconstruire ce stéréotype là. Le fait de continuer à le dire pousse à véhiculer cette idée. Certes il y a des identités de quartiers, on dit peut-être beaucoup de mal de Saint-Michel mais c’est peut être le point de départ de convergences. C’est un quartier très vivant en terme de culture, culture dans le sens art et culture dans le sens tradition et croyance. On a plein de cafés associatifs, une antenne du refuge… il y a des liens qui se font naturellement ici ce qui en fait un laboratoire intéressant.

E • • • Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux ?

Il manque un vrai mouvement radical qui dépoussière la bourgeoise ! Il manque une grande émulation qui fasse que tout le monde s’unisse. Il y a beaucoup de gens dans les rues mais quant il s’agit de manifester pour ou contre il y a très peu de monde. Exemple de Nuit debout ou Contre manif pour tous. A bordeaux on est dans l’entre soi ça rejoint un peu cette idée de ville bourgeoise repliée de jugement et peut être qu’il manque l’intersectionnalité. Les initiatives culturelles, associatives, militantes, politiques qui vont dans le même sens ont du mal à s’unir. Il manque un véritable mouvement d’intersectionnalité des luttes qui rendent la ville plus soutenable, verte et solidaire. Si l’on creuse il manque plein de choses dans cette ville. Ces vides ne pourront être comblés qu’une fois les liens tissés entre toutes les revendications.

: – Tes projets dans un futur proche et lointain?

Des voyages à l’Est et de la résistance d’ici quelques semaines. Je pars en Pologne pour participer à un colloque sur André Gide, j’en profite pour faire un tour en République Tchèque et en Slovénie en mai, donc beaucoup de voyages. Plus tard finir l’écriture de ma thèse, écrire des livres, lancer une revue intersectionnelle sur Bordeaux. Mais l’écriture dans tous les projets, voyager pour écrire, écrire pour résister. « Écrire engage terriblement »

N • • • Si tu élisais un Monsieur ou une Madame HAPPE:N ?

Cette semaine, j’étais au vernissage de l’exposition About men and Politics de Kami, le photographe bordelais. J’ai beaucoup d’affection pour lui, pour son travail qui mêle si justement l’engagement politique, la culture. Kami est engagé, les mots accompagnant ses clichés sont toujours justes et touchants. Il a toujours répondu présent lorsqu’il s’agissait de mettre en image des actions de désobéissance civile, même en pleine nuit. Vous pouvez découvrir quelques images d’actions aux quelles j’ai participé jusqu’au 22 avril à La Taupinière.