Monsieur H: #14

Notre Monsieur H: du mois d’avril est Pierre, réalisateur de documentaire !

PIERRE BENAIS
Réalisateur 

H • • • ­ Qu’est-ce qui te fait lever le matin ?

En ce moment le soleil ! Mais sinon, c’est plutôt l’envie de travailler et de découvrir de nouveaux peuples, je suis tout le temps en recherche de nouvelles cultures à rencontrer et à faire découvrir.

J’aimerais sensibiliser les gens de ces peuples qui disparaissent à cause de l’évolution des sociétés. Je pense qu’on ne peut aller à l’encontre de ces changements. Il faut plutôt réussir à les accompagner dans cette transition. Les aider à garder une trace de leurs coutumes, pour qu’on n’oublie pas ces temps passés qui ont fait la beauté et la diversité humaine.
Nous aussi sommes passés par là, il y a quelques siècles. Ils ont aussi le droit aux voitures, à la diversité culinaire ainsi qu’aux routes faite de bétons à la place des chemins de terre, qui rendent l’accès aux hôpitaux difficile.

Je me lève avec l’envie de conter leurs histoires à travers des documentaires. Adaptés à tout âge, pour sensibiliser les plus jeunes. Je veux redonner la parole à ces peuples, savoir ce qu’ils désirent pour leur avenir, et la transmettre.

A • • • Petit, que voulais tu faire plus grand ?

Petit, comme beaucoup d’enfants, je voulais être pompier. Ça a duré une semaine (rire). Après, j’ai voulu être acteur donc j’ai fait 7 ans de théâtre. J’ai dû choisir entre continuer dans ce domaine ou poursuivre mes études. J’ai choisi les études alors que j’étais assez mauvais (rire). Par la suite, j’ai voulu être professeur.
Au final, il n’y a rien de tout ça mais mon métier de réalisateur mélange un peu tous ces domaines. Inconsciemment, je me suis dirigé vers un métier qui me fait éteindre des feux, qui me permet d’être pédagogue en apprenant aux autres mais aussi jouer, c’est un petit peu être acteur quand tu filmes. Surtout que j’utilise le concept de la caméra participative lors de mes tournages.

P • • • Qu’est-ce que tu faisais il y a 10 ans ?

J’entamais mon tout premier voyage, c’était le tour de l’Espagne en auto-stop pendant 2 mois. J’ai fait ça avec un ami, on dormait au milieu des ronds-points, on mangeait très peu, c’était vraiment violent. C’était un peu « vas-y, fais un voyage qui va t’apprendre la vie ». On a utilisé 300 euros en deux mois ! C’est ce qui m’a appris à aimer le voyage, les gens… L’auto-stop est une rencontre assez intime, ça m’a appris à aller à l’encontre des a priori…
Mais mon envie de réalisation est venue un peu plus tard, alors que j’étais encore étudiant aux Beaux Arts. Je devais filmer quelque chose mais je ne savais pas encore quoi. J’ai donc voyagé au Maroc et… je me suis cassé la jambe là-bas, ça a été toute une galère… Je m’étais fait voler tout mon argent, mon téléphone, j’avais plus rien mais heureusement une famille m’a aidé à m’en sortir. Ils m’ont emmené voir des médecins et des chamans pour me soigner. On a galéré ensemble, ils m’ont hébergé le temps de me faire rapatrier. C’est pendant cette semaine que j’ai compris que ce qui me plaisait vraiment était de vivre parmi des familles, de capter leur quotidien et découvrir leur intimité.
Par la suite, je suis retourné les voir et j’ai vécu six mois parmi eux.

P • • • ­ Bordeaux, vieille bourgeoise ou punk qui vit dans les caves ?

Je crois que c’est la question la plus difficile, mais je dirais les deux. Pour avoir vu d’autres villes et d’autres pays, Bordeaux à quand même un coté punk.
Dans le sens ou il y beaucoup d’associations ou lieux undergrounds si l’on sait où chercher.
Bordeaux est une ville ouverte et vivante ! Elle devient tout de même plus bourgeoise et l’arrivée de la LGV ne va pas arranger les choses, augmentation des prix, difficulté de se loger. Bref, la gentrification…
Mais j’aime cette ville, car on peut être ce que l’on veut. Punk ou bourgeois, en fonction de ses humeurs.

E • • • Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux ?

Rien ne me vient directement… donc je dirais pas grand chose. Peut-être un manque de verdure même si ça vient petit à petit. Je sais que des associations distribuent des graines gratuitement pour planter des fleurs sur les trottoirs, c’est un bon début. Peut être plus de fond pour les associations et les domaines culturelles.

Après il y a toujours à redire, mais il faut aussi se satisfaire de ce qui existe déjà.

P • • • Tes projets dans un futur proche et lointain?

Dans un futur proche, c’est transformer le film des Rana Tharu (26 minutes) en un film de 52 minutes en retournant filmer la famille avec qui j’ai travaillé.
Dans un an je commencerai à développer le projet dans d’autres familles, avec 5 peuples animistes différents (croyance envers les esprits).
Cette croyance, très poétique, couplée au conte fonctionne très bien !

J’ai déjà commencé les repérages. Je vais par exemple partir à la rencontre des Kasakhs en Mongolie, peuple des plaines, chasseurs à l’aigle, qui ont développé leurs croyances en fonction de ces vastes étendues. Le 19 avril 2017, je pars voir les Bajau, un peuple des mers Banda, il n’y a pas de terre à 360 degrés. Ils vivent dans des maisons sur pilotis et leur croyance est liée aux dieux des eaux.

Chaque croyance diffère en fonction du milieu dans lequel elles évoluent.

Je développe aussi un projet plus personnel « One Month with One Family » , projet qui a pour but de vivre dans une famille pendant un mois.
J’en tire quelques photos, je fais des vidéos projection sur place des images tournées et distribue des polaroids, mais je n’en fais pas un film.

Vous pouvez suivre le projet directement sur mon Facebook.

N • • • Si tu élisais un Monsieur ou une Madame HAPPE:N ?

Tout les hommes de bordeaux ! Mais si dois en choisir un, Je dirais Franck Zaragoza, mon musicien qui me suit depuis un long moment et n’a jamais lâché l’affaire. Il a pour nom d’artiste « Ocoeur », sa musique est magnifique.. Elle s’écoute pour son aspect contemplatif et sa facilité à te faire voyager intérieurement.

Une Madame Happe:n ! Toutes les femmes de Bordeaux !! Je dois en choisir qu’une ? Alors pour moi ça sera Marion Laguionie, qui m’assiste dans l’écriture de mes films. Elle rêve de devenir écrivaine et s’en donne les moyens. Une femme qui n’hésite pas à se lancer dans des projets fous et qui n’a pas peur de l’échec.