Zoé Coudougnan . Collectif Orobanches . Trente Trente Festival 2023

Trente Trente 2023 ⚡ Flash portrait ⚡ Zoé Coudougnan

Festival bordelais immanquable, Trente Trente revient cette année avec une programmation aux petits oignons ! Édition anniversaire marquant les 20 ans du festival, les propositions « débordantes » proposées par la trentaine de compagnies d’ici et d’ailleurs s’annoncent mémorables.

Zoé Coudougnan, artisane des mots et du mouvement est également co-fondatrice du Collectif Orobanches. Elle présente avec ses comparses Camille Guillaume, Laëtitia Andrieu, Karina Ketz et Alice Vogt un extrait de leur prochaine création Si je me défais, le 25 Janvier au Marché de Lerme.

Voici le ⚡ Flash portrait ⚡ de Zoé Coudougnan

  • • • Raconte-moi ton parcours artistique • • •

J’ai commencé par un parcours « normal’ : collège et lycée, rien de plus classique. J’habitais Bordeaux depuis l’âge de 8 ans et je pratiquais la danse depuis quelques années déjà, donc juste après le bac, j’ai suivi la formation pour danseurs professionnels du Centre de Formation Adage. Je suis partie ensuite en Espagne, et plus exactement à Palamos (une ville pas très loin de Barcelone) pour rejoindre la formation en danse contemporaine de la compagnie CobosMika. Ce sont les artistes Olga Cobos et Peter Mika qui ont créé ce parcours pédagogique et c’est pendant cette année-là que j’ai rencontré ma complice de toujours : Camille Guillaume, avec qui j’ai créé le collectif Orobanches.

Je suis ensuite rentrée à Bordeaux et j’ai commencé à collaborer avec des artistes et compagnies de la région. En 2016, nous avons créé un duo avec Camille qui s’appelle Printemps, une création que nous avons totalement autoproduite et que nous avons beaucoup jouée. Au-delà de ce projet, nous aimions nous réunir sur des performances et notre « couple » artistique marchait bien. Nous avons donc eu envie de continuer à travailler ensemble mais surtout d’imaginer de nouveaux projets avec des artistes d’horizons différents : c’est ainsi qu’est né le collectif Orobanches.

Nous travaillons une gestuelle particulière et sommes inspirées de beaucoup de choses mais c’est vrai que nous aimons dire que le cinéma est un véritable marqueur de notre travail. Le « clownesque » et le « burlesque » sont des esthétiques qui infusent notre langage artistique. L’envie est vraiment de concilier danse et théâtralité dans l’ensemble de nos créations. D’ailleurs, nous avons beaucoup questionné la dichotomie corps / tête qui existe en spectacle vivant. Cette opposition nous interrogeait et nous avons donc développé une esthétique qui tente d’intégrer les expressions du visage à notre danse.

L’improvisation a également un rôle majeur dans nos propositions artistiques. Nous avons envie de nous débarrasser des formes techniques et académiques qui nous limitent. À l’instar de nos inspirations (Samuel Lefeuvre, Flor Demestri, Meytal Blanaru…), nous considérons la gestuelle comme une matière : quelque chose de mouvant dont le but est d’exprimer des émotions, avec le moins de filtre possible. Nous travaillons beaucoup les notions de ralenti, d’accéléré, de reverse… Cette esthétique déstructurée fait que parfois, nos gestes côtoient l’étrangeté.

Enfin, autre élément fondamental de notre recherche artistique : le son. Nous considérons la création sonore comme un personnage à part entière. Pour Camille et moi, cet espace sonore est très important pour la dimension cinématographique qu’il permet, mais surtout, parce qu’il apporte des éléments de compréhension dans la narration des pièces.

  • • • Qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui au Trente Trente Festival ? • • •

C’est notre projet Si je me défais qui nous amène sur cette nouvelle édition du Trente Trente Festival ! Nous présentons un extrait de cette pièce qui est encore en cours de création au Marché de Lerme le 25 Janvier et nous en sommes très heureuses.

Nous avons mijoté avec l’équipe de ce nouveau projet (Camille, Laëtitia Andrieu -comédienne-, Karina Ketz -créatrice sonore- et et Alice Vogt -créatrice lumière-) une performance d’une trentaine de minutes.

Pour la petite histoire, nous avons eu depuis deux ans déjà, la volonté de collaborer toutes les quatre et de proposer une pièce dédiée aux plateaux. Les premiers qui ont soutenu ce projet, ce sont les équipes des Marches de l’Eté (qui organisent le festival Trente Trente). Ces derniers mois, Jean-Luc Terrade nous a reçu en résidence à plusieurs reprises à l’Atelier des Marches, et c’est en assistant à l’une de nos étapes de travail qu’il a formulé le souhait de nous recevoir pendant son festival. Il a beaucoup accompagné cette création et nous sommes vraiment très reconnaissantes du travail qu’il mène auprès des compagnies émergentes. C’est un soutien fondamental pour nous.

  • • • Quelles thématiques aborde la performance que tu proposes avec le Collectif Orobanches ? • • •

Si je me défais est un projet qui est parti d’une envie de travailler sur le thème de la mémoire et du souvenir. Ou plus précisément des souvenirs. Nous nous sommes interrogées sur où se situent les souvenirs en nous-même et est venu naturellement le sujet de la perte de mémoire. Cela certainement aussi parce que nous sommes beaucoup à être touché.e.s de près ou de loin par ce problème. Je pense notamment à nos grands-parents qui traversent pour beaucoup des moments difficiles avec cela.

Par là, c’est aussi un moyen de se questionner plus largement sur l’être humain, son identité. Qu’est ce qui fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui ? Est-ce seulement une accumulation de souvenirs ? Sommes-nous seulement constitué.e.s de couches successives d’événements marquants de nos vies ? Et si c’est le cas, que fait-on de tout cela ?

La recherche autour de ces questions a ouvert énormément de portes : perte de mémoire, moments de ruptures, chocs, traumas… Qu’est-ce que cela engendre au plus profond de nous-même ? Comme cela peut également nous changer ?

Ce sont beaucoup d’interrogations que l’on pourrait percevoir comme sombres mais finalement on s’en éloigne aussi car cette thématique est également une recherche autour de l’enfance, de la naïveté voire de l’idiotie. Finalement, nous voulons proposer une véritable expérience aux publics. Notre idée de créer une rêverie consciente qui mêle expériences sonores et visuelles. Comme je le disais auparavant,  l’environnement sonore de cette pièce est donc une donnée clé. Karina Ketz nous accompagne dans cette aventure pour en faire une création à la lisière entre la danse, les mots et le théâtre qui s’appuie sur une création sonore. Cette dernière est certes encore en cours de création, mais elle sera un élément central du projet.

Pour terminer, nous présentons une performance d’environ 30 minutes le 25 Janvier pendant le Trente Trente Festival, mais la création finale durera elle une heure. Nous avons envie d’avoir quelque chose avec un squelette précis mais nous voulons aussi créer quelque chose de malléable, mouvant. La première est prévue en Avril au Pôle Culturel Evasion d’Ambarès et nous espérons que les prémices présentées ce mois-ci au Marché de Lerme donneront envie au public et aux professionnels de venir voir le spectacle dans sa forme définitive au printemps.

  • • • Pour quelles raisons il ne faut manquer pour rien au monde cette nouvelle édition du festival Trente Trente ? • • •

Parce qu’il y a des choix très forts de programmation dans ces rencontres Trente Trente. Jean-Luc Terrade et son équipe sélectionnent des projets très originaux et en marge de ce qui se fait.

Pour les curieux, c’est vraiment une super opportunité pour aller voir des performances inédites. Il y a vraiment de belles découvertes à y faire. De mon côté, j’ai découvert beaucoup d’artistes grâce à ce festival qui est finalement très diversifié et politiquement fort. C’est aussi des choix de programmation audacieux car on n’est pas dans ce qu’on pourrait appeler le « divertissement ». Trente Trente c’est politique.

Et puis, ce qui est génial c’est qu’il y a aussi une pluralité de lieux. Les artistes jouent aussi bien dans des lieux institutionnels que dans des endroits moins conventionnels.

Enfin, j’aime bien le fait qu’ils aient appelé ce festival « rencontres ». Il n’y a pas d’étiquette sur ce qu’on va voir / faire.

  • • • L’après Trente Trente, ce sera quoi pour toi ? • • •

Eh bien, avec le Collectif Orobanches, nous allons continuer le travail sur Si je me défais. Pour commencer, nous allons poursuivre les résidences de création afin de travailler sur la structure et finaliser la construction de la forme longue. Nous avons l’échéance de la première qui aura lieu au Pôle Culturel Évasion d’Ambarès le 28 Avril 2023. Puis nous nous concentrerons sur la diffusion du spectacle car notre envie est qu’il rencontre du public !

Pour ma part, j’ai aussi d’autres projets qui arrivent. Notamment avec la compagnie L’Aurore (qui est à La Réole) et avec laquelle je travaille sur une pièce dédiée à l’espace public et qui s’appelle Les Absents. À l’origine, il s’agit d’une compagnie qui axe son travail sur l’art de la marionnette pour le jeune public mais ils souhaitent prendre une autre direction avec la nouvelle proposition que nous construisons en ce moment. Ce projet à six est hyper chouette, il s’agit d’une forme artistique qui invite à déambuler dans l’espace public et j’ai hâte de repartir en résidence avec eux. C’est assez nouveau pour moi mais cette première collaboration avec L’Aurore me permet aussi d’aller plus loin dans mon travail.

Sinon, je suis aussi musicienne, je fais de la guitare et du chant. J’ai donc quelques dates de concert qui se profilent. Les deux groupes dans lesquels je suis ont des esthétiques assez différentes : d’un côté du blues/folk et de l’autre de la musique country. Ça me plaît d’avoir des projets aussi divers. En tout cas, le planning est chargé et je ne peux que m’en réjouir !

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Si je me défais – Collectif Orobanches
le 25 Janvier au Marché de Lerme

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Le Festival Trente Trente – Les Rencontres
du 12 Janvier au 2 Février

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Programmation complète de Trente Trente

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Photo de Une © Pierre Planchenault
Création graphique © Happe:n