Les jours se suivent et se ressemblent. « Il faut imaginer Sisyphe heureux » écrivait Camus. Sisyphe fait aujourd’hui du pain et s’en satisfait bien.
Même le 1er Mai nous a été arraché cette année. Ni manifestation, ni muguet, rien pour briser le train-train quotidien. Pour me consoler, voici quelques parades à l’ennui.
::: VENDREDI :::
Pour faire passer le temps, je fais du pain. Les types de farines n’ont plus aucun secret pour moi, j’ai même donné un nom à mon levain. Certes, ce n’est pas le plus simple à réaliser. Cela étant dit, avoir un levain, c’est comme avoir un enfant, il faut le nourrir une fois par jour et ne pas l’oublier au frigo. Une occupation comme une autre en ces temps de confinement ! Si vous avez le temps, pourquoi ne pas essayer. Le site Owi Owi Fouette Moi est devenu une référence en termes de boulange (et de recettes en général).
Je mange, je mange, mais il ne faut pas oublier de nourrir mon petit cerveau. Cette année, le Festival International du Journalisme de Couthures-Sur-Garonne a lieu en ligne ! Du 1er au 4 Mai, sur la page Facebook du festival, des intervenants se retrouveront en live sur Facebook pour débattre. Le thème de ce vendredi : « Fin du monde : joue-t-on à se faire peur ? ». En compagnie de différents journalistes, tout un chacun pourra poser des questions, discuter et débattre. Certes, c’est bien moins convivial que les années précédentes, sous une chaleur écrasante et des nuées de moustiques. Ceci dit, les baignades dans la Garonne vont me manquer…
Le Berliner Philharmoniker Digital Concert Hall, mis en place par la Philharmonie de Berlin, organise des concerts en live d’œuvres classiques, ainsi que des concerts à voir en fouillant dans les archives. En ce premier Mai, le chef d’orchestre Kiril Petrenko accompagnera la Philharmonie qui jouera Malher, Barber ou encore Ligeti, le tout à 11h pétante.
Si je ne sais pas quoi faire aux alentours de 23h, ou même de 5h du matin, je scrute le ciel à la recherche de Starlink, le projet fou d’Elon Musk. En ce moment, le « train » de satellites du patron de Tesla et SpaceX passe au-dessus de Bordeaux, plus ou moins visible selon son parcours ou les nuages. Certes, cette activité n’occupe que 3 minutes de ma journée, ou plutôt de ma nuit, mais elle vaut le détour. Un train de petites lumières en plein milieu du ciel, ça laisse sans voix. Ce projet assez disproportionné a pour but d’apporter Internet aux quatre coins du monde en multipliant le nombre de satellites en orbite basse. Le projet en compte quelques milliers pour le moment, un chiffre qui devrait s’accroître. Ce vendredi, Starlink passera au-dessus de Bordeaux à 5h37 et 23h09. Pour suivre l’évolution des satellites en temps réel et ne pas les manquer, je me sers de ce site.
::: SAMEDI :::
Je ne suis pas allée à la bibliothèque depuis un bon moment. Mais si je ne vais pas à la bibliothèque, la bibliothèque viendra à moi. La plateforme BIB En Ligne des médiathèques de Bordeaux Métropole permet d’accéder à des cours à distance (là par exemple, j’apprends l’italien) ainsi qu’à des magazines et journaux. 4 films par mois sont aussi accessibles à tout détenteur d’une carte de bibliothèque valable dans la métropole bordelaise. Coté cours, on trouve de tout : de l’apprentissage de la couture aux cours de sports, en passant par le maniement de logiciels comme Access, qui doit bien avoir une utilité finalement. Côté films, magazines et journaux, le choix est plus que varié, et bien fourni en films même récents !
Savez-vous dessiner ? Par dessiner, j’entends quelque chose d’autre que des personnages en forme de bâtonnets. Si oui, tant mieux, si non, c’est le moment de s’exercer ! Le Ministère de la Culture a lancé, à l’occasion de l’année de la Bande Dessinée, l’initiative « Toute la France dessine ». Le principe est assez simple : deux cases d’une BD sont dessinées par un auteur ou une autrice et c’est au public de dessiner la suite ! Pour participer, il suffit de poster son œuvre sur les réseaux sociaux (pas très sociaux comme dirait notre Premier Ministre) avec le #Toutelafrancedessine. Ce petit festival d’images se tient surtout sur Instagram, je vais donc aller faire un tour sur le compte « 2020annéeBD » !
Encore de la BD ? J’en ai beaucoup sous la main. La Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image a numérisé bon nombre de planches, maintenant accessibles en ligne. En ce moment, les bandes dessinées que lisaient nos grands-parents sont à l’honneur. Un bond en arrière soudain qui me ferait presque oublier que je suis confinée depuis plus d’un mois. Je m’y plonge avec plaisir !
Calvo, Moustache et Trottinette
Pour parfaire mes connaissances en la matière, rien de mieux qu’un petit tour sur Arte. Pour l’année de la bande dessinée, la chaîne met elle aussi les auteurs et autrices à l’honneur par le biais de reportages. Un coup de cœur cependant : le court reportage de Tracks de quelques minutes sur l’incroyable BD d’Emil Ferris, Moi ce que j’aime, c’est les monstres, que j’ai sans doute lu deux fois.
Emil Ferris, Moi ce que j’aime, c’est les monstres
::: DIMANCHE :::
La seule notion du temps qui me reste est le cycle du soleil, je vis donc comme les poules et me lève dès le jour levé. De bon matin, j’aime écouter le chant des oiseaux, ainsi que celui des oies du Parc Bordelais, nettement moins mélodieux. Un de mes voisins s’est mis à la trompette, ce qu’il joue ressemble étrangement aux hurlements des oies. En parlant de nature et de vie champêtre, je tiens à attirer votre attention sur un compte Instagram, celui de Félix Arnaudin. « Mais, il est mort ! » me direz-vous. Certes, mais sous ce pseudonyme, quelqu’un, je ne sais qui, sélectionne dans les archives du Musée d’Aquitaine des clichés pris par le photographe landais du XIXème siècle. Cet habitant de Labouheyre a immortalisé la vie de l’époque et son héritage, qu’il voyait disparaître face à l’urbanisation naissante. Au-delà de l’image, Félix Arnaudin a aussi préservé des chants, des contes, des proverbes et des bribes d’histoire des Hautes Landes.
La Monge, Maison de Félix Arnaudin, par Félix Arnaudin, fonds du Musée d’Aquitaine
Après mon heure de balade-dans-la-limite-d’un-kilomètre-réglementaire, je vais m’accorder une pause. Pourquoi ne pas assister à un opéra ? Le Metropolitan Opera de New York propose en ce moment différentes pièces, dont la programmation change toutes les semaines. Jusqu’au 3 Mai, les spectateurs pourront donc voir Luisa Miller et Aida, de Verdi, ou encore Le Prince Igor de Borodine ! Des grands classiques sur petit écran.
Un petit concert pour arroser le tout ? Je me tourne vers la Philharmonie de Paris qui a mis à la disposition du public de nombreux lives de concerts passés. Big up pour les concerts du festival Jazz à la Villette de l’année passée !
Avec tout ça, j’ai de quoi m’occuper jusqu’au 11 Mai ! Si tout va bien, peut-être aurons-nous bientôt des agendas du weekend déconfinés.