AleyNa, un nouveau regard sur le rock féminin.

C’est l’histoire du hasard, d’une rencontre. C’est en 2009 que, tout commence et rien ne s’arrête. La voix de Sabrina Agnelet rencontre les mots de Loic Xans. Il aura suffit de quelques échanges et un coup de cœur, pour que naisse AleyNa, le rock français poétique et complexe.

On s’était donné rendez-vous un samedi… Sabrina arrive avec deux bonnes petites bouteilles de vin (dois-je préciser qu’il n’est que 15h). Nous sommes à Bordeaux, je lui propose de faire quelques portraits avant que mon œil ne tourne. Puis, on s’installe, elle se livre et j’apprécie cette simplicité et cette sensibilité qu’on se prend en pleine face. J’ai rencontré Aleyna, une artiste bordelaise de 26 ans, bientôt 27, mais qui le vit encore bien, tant qu’il n’y a pas le 3.

Ta rencontre avec la musique ?

J’ai toujours été attirée par la musique. Dès que j’ai trouvé mon instrument alors, j’ai pu m’exprimer et composer. J’ai découvert la guitare à l’âge de 16ans, au lycée avec un ami. J’ai appris seule en l’observant tout en me faisant des schémas, des petits trucs qui ressemblaient à rien mais que je pouvais comprendre. Au début, c’était des accords simples, puis les accords magiques, des combinaisons qui ensuite évoluent. Je ne connais pas le solfège, je fais tout au feeling. Je me souviens de mon première cover « jeune et con » de Saez. Et puis, un jour, j’ai voulu créer, et composer moi-même mes propres chansons, en commençant par griffonner quelques textes à la con, en cours. J’ai jamais voulu faire de la musique. Quand je faisais mes compos, je n’avais pas pour but d’en faire mon métier, c’était impensable.

Quel a été le déclic ?

Le déclic a été lorsque j’ai rencontré Loic Xans en 2009. Je ne l’aurais pas rencontré j’aurais vraiment une autre vie et surement très déprimée. Il m’a beaucoup apporté. C’est grâce à lui si j’en suis là et que je suis telle que je suis aujourd’hui. Il m’a faite grandir et évoluer. Il a cru en moi. Il a bouleversé ma vie. Aujourd’hui, je suis Aleyna et je fais ce qui me correspond. La musique, le rock, c’est moi. Je pense qu’on a besoin de quelqu’un… Quelqu’un qui nous porte, qui croit en nous et qui nous aide. Et quand tu as la maturité, on en devient complémentaire. Seul c’est souvent compliqué et difficile. Quand tu doutes…tu n’as personne pour te dire de continuer. Quoiqu’il arrive, faites le, réalisez vos rêves, mais faut se rendre compte que c’est compliqué et que cela demande une énorme force mentale, pour avancer seul. Si c’est ce que vous êtes, ne lâchez rien, vous verrez plus tard si ça le fait. Dans tous les cas le chemin sera beau. Je fais ce qui me plait. J’ai la chance de vivre de ma passion. Quand tu fais ce que tu aimes, ça n’a pas de prix. Je préfère galérer pour faire perdurer ma musique et créer des choses que de faire un truc qui ne me plait pas et qui n’est pas moi.

Quelle a été ta première compo ?

Ce qui me revient là de suite, c’est une chanson que j’avais écrite pour mon grand-père qui était décédé à l’époque. Et après, « l’emmerdeuse ». Au lycée, tout le monde me la demandait. Tout le monde voulait que je la chante. C’était un tube en fait ! (rires). Mais je ne la ressortirai pas aujourd’hui, ce n’est plus moi.

Comment composes-tu ta musique ? Pour qui, pour quoi ?

Quand je me sens inspirée je me pose devant mon pc avec ma guitare et je gratte un peu. Si je trouve un bon riff je l’enregistre. Si je suis très inspirée je peux finir la musique directe, mais généralement je commence, j’enregistre et je le réécoute plus tard. J’aime prendre du recul. J’ai plusieurs façons de faire… Le texte n’est pas forcément écrit sur la musique. On travaille souvent chacun de notre coté et ensuite on rassemble nos idées. Loic peut écrire sur mes musiques ou je peux composer sur ses textes. On peut aussi créer ensemble les musiques douces. On est très complémentaire. L‘un de marche pas sans l’autre. On parle de nos coups de gueule, nos coups d’amour.. On défend la cause Lgbt. En particulier les lesbiennes car je trouve que malheureusement on parle plus souvent des gays que des lesbiennes. Même ici l’égalité hommes-femmes est compliqué… C’est donc beau à défendre, on est comme tout le monde, nous aussi on vit comme vous… on n’est pas des monstres. Et chacun fait ce qu’il veut ! On touche un public assez féminin mais je pense qu’on attire les personnes qui aiment le rock français. AleyNa est un rock sombre, hurlant, un cri mélancolique qui donne un nouveau regard sur le rock féminin. 

Quelles sont tes influences ?

J’écoute principalement du rock, les Noirs Désir, Guano Apes, K’s Choice, Garbage, Patti Smith… Et au fil des années j’ai écouté du rock avec une tendance plutôt alternative et progressive. J’aime ce qui prend le temps de se mettre en place dans une musique. J’en fais beaucoup dans mes compos. J’aime beaucoup ce genre de formation.. Tu ajoutes un son puis un autre… et ensuite ça explose. Les groupes de rock des années 90 faisaient les choses très simplement et leurs interprétations intéressantes. C’est mon retour aux sources. Et au fur et à mesure des rencontres, tu découvres encore d’autres sons. J’ai envie d’apprendre et d’évoluer sans cesse. Loic, va s’inspirer de Bashung, Stephan Eicher… Il est poète.

Parle nous de ta discographie ?

Lorsque j’ai sorti mon premier album « Plus rien ne s’oppose à la nuit », je devais avoir 19 ou 20ans. il a beaucoup de défauts mais ça reste mon premier. Il y a la mixtape « L’anarchie des siècles » et le deuxième album «Onkalo » qui a suivi. Même s’il n’était pas parfait non plus, il y avait des choses intéressantes. C’était un tournant. Ensuite on a sorti un autre Ep avec 4 ou 5 titres.

Le 23 mars 2018, on sort le troisième album « La gloire des résistants » Cet album sera encore plus rock. J’ai quitté mon label. Il y avait un énorme studio mais je n’arrivais pas à avoir le son que j’espérais. Avec mon ingé-son Ivan Mordret, on a réussi à avoir ce qu’on voulait. L’oreille évolue chaque année. Mais je ne regrette aucun album. Ce dernier est vraiment rock. A vous de juger ! (rires) Je n’ai pas terminé le dernier album. Que je pense déjà au prochain. Là je me concentre vraiment sur la finalité du dernier album, mais on a d’autres chansons derrière. On a choisi les chansons et on en a laissé déjà pour le prochain. Une fois que l’album sort c’est rangé. On passe à autre chose je me libère pour revoir de nouvelles chansons. Tant que je suis pas en manque d’inspiration je continue et je ne compte pas arrêter.

Ton plus beau moment sur Scene ?

C’était à Paris, au Zèbre et c’était mon anniversaire. On a joué « À part toi » qui est une chanson très pop et qui avait cartonné à l’époque. La salle était pleine. Et là, tu vois tout le monde avec les briquets en l’air. Et quand tu joues tes accords et que tu te rends compte qu’ils la connaissent par cœur, ça fait quelque chose, ça te transporte. C’est un très beau souvenir. Avant chaque début de concert, avant de monter sur scène je n’ai pas envie. Il y a le stress. Du coup je mets toujours un temps avant de me lancer. Par contre une fois lancée, je ne veux plus que ça s’arrête. Je n’ai plus envie de sortir.

Une prochaine date ?

Ce sera le 10 mars prochain pour, notre dvd live acoustique, au Salem, au Haillan. Les places sont en vente sur le projet Ulule. Un live acoustique pour fermer un chapitre, Pour enfin se concentrer sur ce qui nous correspond aujourd’hui. Ce sera donc un concert avec d’anciennes compos et celles d’aujourd’hui. C’est en quelque sorte, un accomplissement, le petit bilan est fait. Et pourquoi pas faire plus tard un dvd live, cette fois plus rock.

Tu enregistres en studio, quel est ton meilleur souvenir ?

 Il y a le moment de l’enregistrement d’une chanson qui m’a touchée plus que les autres mais elle n’est pas encore sortie.. C’est la chanson pour mon papa. Mais j’attends encore un peu car je veux la faire vraiment bien. Lorsque j’ai enregistré le chant dans mon petit micro, c’étais dans le jus et je pense garder cette interprétation… je pense que je vais la garder comme ça, car même si mon micro n’était pas de la meilleure qualité, c’est ce moment que je voudrais garder. Mon meilleur souvenir en studio, a été pour l’enregistrement de l’album « Onkalo ». J’étais toute seule a faires mes compos,  avec l’ingé-son. Tous les matins j’allais au studio pour faire  ma musique dans ce très grand studio pour moi toute seule et je me suis éclatée. J’ai pu brancher tout ce que je voulais. J’avais mes amplis, plein de pédales et je testais tout. Et je prenais et je faisais ce qui me plaisait. Loic qui était de retour,  écoutait les enregistrements et on s’est dit, qu’on en rajouterait bien une dernière chanson, avec seulement guitare-voix. Il devait être 3 h du mat,  avec mon verre de rhum dans le studio (pas bien, j’avais pas le droit) j’ai joué « vas y viens et dors » très simplement, avec ma guitare et mon micro, en one-shot et entièrement au feeling. Elle était bonne. Une peu de simplicité ne fait pas de mal.

Des collaborations avec d’autres artistes ?

Lorsque je faisais de la pop, avec Lily Prudent, on a fait un duo « Babylone » qui a cartonné. L’artiste Labiur m’avait également contactée pour la chanson « Miss Geek ». J’ai ajouté mon rock à son style. Et une chanson avec le groupe niçois Noon Xoxo. La chanteuse a une voix bien rock. Je chantais sur les couplets et elle, les refrains. Et pour une Future collaboration, sur un prochain album, oui j’ai déjà prévu, j’aimerais avoir un rappeur, je ne sais pas encore qui, mais un rappeur qui chante en anglais et qui tabasse bien.

Quelle est la citation qui te correspond aujourd’hui ?

 Nous cherchons plus à durer que nous n’essayons de vivre. Andy Warhol.

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Photos : Sonia Goulvent pour Happe:n.