Chemin Faisant • 7 • Parole au Bon Slamaritain

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attendsjteraconte-bandeau

Un texte écrit par notre ami le Bon Slamaritain
lors des débats sur
la réforme de l’orthographe…

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Oracle Suivant

Chers camarades et autres animaux de compagnie,
bonne ou mauvaise, mon adjudant : Bonsoir !

Si je prends la parole ici-bas pour m’entretenir avec vous
d’un sujet des plus graves, un sujet qui menace la cohue
nationale de digressions oiseuses, un sujet qui touche
au cœur de nos oisives occupations, un sujet dont se fout
royalement ma belle-sœur, c’est que j’eus vent d’une
vendetta, visant des Acariens Missionnaires de la Langue
dits laxistes. Je ne vous raconte pas le bruit ; et l’odeur.
Mais ne montons pas trop vite sur nos grands
mulets ! L’interrogatoire est toujours en cours d’instruction.

Veuillez, je vous prie, ne point prendre offense pour
ces quelques propos disgracieux. Ni m’en vouloir pour
cette obscure incartade, cette interruption de jeunisme…
Ces propos, vous les pensez manquant de relief,
sans doute. Sans pourtant pouvoir y mettre un mot, un son,
une inflexion ; le doigt sur le bout de la langue… ?
Quand d’autres les perçoivent flous, nourris de paradoxes,
ils vous semblent aussi creux que le cœur d’un atome ?
Voire odieux et sans esprit, aussi pertinents
puissent-ils pourtant se laisser entendre ?

Amen. Songez qu’ils ne sont que le fruit d’une absence.
Une platitude nourrie de fausses certifications
d’usages. Une liposuccion des axes en qui je confiai un instant
de ma vie
,  et qui naquit dans la sueur.
Pour faire dire aux mots tout et n’importe quoi.
Pour occuper l’espace que laisseront entre les lignes
mes nuits effervescentes et les silences d’un soleil endormi….

Mettre les points sur les ‘i’ ; pourquoi faire ?
Qui de nos jours s’embarrasse de ces broutilles ?
La langue est mouvante. Exploratrice insatiable de nouveaux
sentiers, de sentiments superficiels.
Le langage est mouvement.
Alors qu’il se laisse guider vers l’abime des dictionnaires,
ces vieux livres que seuls quelques immortels consultent
encore aujourd’hui, ou qu’il s’installe au sommet de la tour de Babel
comme lingua franca universelle. Qu’il s’empatte dans un rugueux
patois que seuls les vieux dentiers conservent en bouche,
ce petit bouchon gascon qui facilite le transit lorsque que le coq au vin
ouvre l’œil de bon matin. Qu’il perde cette coutume de porter le couvre-chef
en s’approchant des tresses d’une belle anglaise pourtant inaccessible
– une question de longueur de manche, ai-je cru comprendre.
Le langage ne craint pas que le ciel lui tombe sur la caboche.
Et par Toutatis, ce ne sont pas de vagues Gaulois ancestraux qui me contrediront.
Mais ceci est une autre histoire de somnambulisme sur laquelle
je reviendrais si l’occasion venait se faire larron en foire
dans les parages et que l’envie me prenne de l’empoigner
de porte en porte. Soyez-en certain.

… Revenons donc ensemble si vous l’voulez bien – mais en fait,
que vous l’vouliez ou non, nous y revoici – devant ce tintamarre
de moutons retentissant aux quatre coins de la Toile tandis que
d’un simple coup de balai se glissent sous les tapis persans
les feulements de fauves domestiques.
Et donc ? Qu’importe.
Qu’importe qu’il n’accentue plus les nuances de nos organes vitaux.
Qu’importe qu’il n’offre plus que des chaises et des chœurs vides
de substance dans un duo de nonnes regorgeant de pathos et de burlesque.
Qu’importe la situation ! Elle –  N’Est – Pas – Grave.
J’en mettrais ma main au feu, si je ne lui trouvais encore quelque usage.
Ce qui ne saurait tarder.

Cela-dit, maintenant que je pense avoir fait le tour de cette insoutenable
question existentielle dont l’absence de riposte mettait en grand
danger la Paix des Foyers, le cours du baril de Brent, la faim dans le Monde,
l’expansion de l’Univers, l’Euro 2016, les primaires du parti socialiste,
le retour de ‘Mein Kampf’ et de ‘1984’ en guise de voltigeurs et de gondoliers,
la prochaine nomination de Casimir au poste de premier sinistre de la Nation,
et la remise en cause du titre de champion du monde de Formule 1 de Lewis
Hamilton – je vous propose sans perdre un instant de plus que ce que
requiert la Survie de l’Absurde, que nous nous penchions, dors en avant,
sur l’ambivalence des conceptualisations de l’oracle suivant.
Oracle somme toute sibyllin et superflu, certes. Donc primordial
aux entreprises rocambolesques, et d’aventure subversives,
d’humbles humains conscients de leur sublime Existence, pas sage
et qui erre, clandestine, sur les chemins vertueux de nos travers.
De porcs grassouillets en port d’attaches, les corps boueux rentrant
bredouilles et qui s’enroulent mollement autour de froides amarres
couvertes de rouille et d’ecchymoses… What else, Monsieur Orwell ?

Pouf, pouf. (J’ose.)
Pouf, pouf.
Voici l’Oracle.

« Que croyez-vous qu’il advint de l’Atlantide ? »

Le bon Slamaritain

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