Happe:n accueille jusqu’à la fin du mois les Étudiants en Arts & Design de l’École des Beaux Arts de Bordeaux. Un retour sur la prise en otage d’un espace de l’école afin de créer des interactions visuelles et auditives.
Cette série de tracés représente la trajectoire d’un papillon de nuit autour d’une ampoule.
Chaque dessin représente 10 secondes de vol. L’ensemble correspond à 1 minute. Ils ont été réalisés à partir d’une vidéo.
Une minute de transe papillonnaire.
Une minute d’immaîtrisable attrait pour la lumière, de mouvements circulaires à peine visibles à l’œil nu.
Lise Bardou
Les papillons de nuit
Les papillons de la nuit sont des créatures étranges. Abu Warburg les appelait ses « petites âmes vivantes ». Et tout comme lui, je parle avec eux des heures durant. Je regarde le ballet des phalènes comme on regarde le soleil tourner. Chaque soir dans ma chambre, tel un spectateur ignoré de tous ces êtres magiques, j’assiste à leur danse rituelle. Les papillons de nuit ne vivent que pour le mouvement d’un seul instant. Ils ne virevoltent que pour l’incandescence de l’ampoule de ma chambre. La nuit les fait naître et la lumière leur insuffle le mouvement. C’est alors que les phalènes noires déjà tachées de blanc décident de danser en décrivant de petits cercles imparfaits. Elle encerclent l’ampoule, se rapprochent toujours plus près, jusqu’à se brûler. Mais qu’importe le risque, car au matin, les papillons auront disparus dans la mort. Ils joncheront le sol de la pièce par dizaine à mon réveil. En attendant, les phalènes dansent ; perpétuent le mouvement de la vie. Ces insectes incarnent le changement. Ils accomplissent l’un des plus vieux rituels du monde : celui de la métamorphose.
Un texte de Laure Subreville