Festival Vie Sauvage 2019 : dompté et adopté

Notre comparse Florian nous raconte à travers ce carnet de bord sa première expérience en tant que bénévole au festival Vie Sauvage, qui a eu lieu du 14 au 16 juin 2019 à Bourg sur Gironde, ainsi que le déroulé de ce week-end riche en activités qui — si on en croit ses propos — est passé beaucoup trop vite !


Les préparatifs

Deux semaines avant le festival, je discutais avec deux collègues au travail car il n’y avait aucun client. C’est le genre de moment où de bonnes idées comme « si on faisait du bénévolat cet été un peu ? » voient le jour. Ça tombait bien, j’avais vu l’appel à bénévoles de Vie Sauvage quelques jours avant. On a alors envoyé un message fissa au festival pour savoir s’il restait de la place.  Et bien la formule n’était pas plus compliquée que cela pour passer un super week-end avec ses potes, juste à coté de Bordeaux, dans un cadre magnifique avec de super concerts.

C’est quoi Vie sauvage ?

Chaque année le village de Bourg sur Gironde ouvre les portes de sa citadelle pour Vie Sauvage, 2019 marquant sa 8ème édition. C’est une vie où on se déhanche sur la musique des artistes réputés du moment, une vie où on mange bien, une vie perchée tout en haut du village avec une superbe vue sur la Dordogne et la Garonne et pour certains, c’est une vie où on donne les bracelets aux festivaliers mais ça, nous y reviendrons !

©Mikael Vojinovic

Entre festivalier et bénévole, voici mon expérience avec cette double casquette !

Vendredi 

Vendredi matin c’est le moment de vérifier que j’ai bien tout pris, comme la tente ou le sac de couchage, et d’empaqueter tout ça au dernier moment, comme d’habitude. À midi je pars sur notre lieu de travail, chercher mes potes moins chanceuses qui travaillaient ce matin là. Mon premier combat du jour se fera avec le parcmètre du coin, pas très enclin à me laisser rapidement rejoindre mes amis après m’être garé. On se retrouve donc, on partage notre hâte d’arriver à destination, petit café, on charge la voiture, on détermine qui aura le rôle fondamental du co-pilote et c’est parti !

Arrivés à Bourg, on part directement au gymnase récupérer nos bracelets et nos tickets repas/boissons. On nous prévient qu’il reste peu de temps pour le repas du midi. Affamés, on décide d’installer la tente plus tard et nous faisons notre premier trajet gymnase-citadelle. Premier choc en arrivant : la citadelle est super mignonne ! On traverse l’allée jusqu’aux cuisines puis nous faisons notre choix sur les différents mets proposés avant de s’installer à l’une des longues tablées plus bas. Deuxième choc, nos plats sont vraiment super bons ! J’admets qu’il ne m’en faut pas plus, j’étais déjà conquis à ce moment là. On apprendra plus tard que les cuisiniers du festival servent les mêmes repas aux bénévoles qu’aux artistes ce qui est généralement assez rare. Retour au gymnase ensuite pour « installer » la tente, ranger nos affaires et faire notre petit programme du jour. On nous appelle pour nous dire que l’on commence à travailler à 17h, ce qui nous laisse le temps de découvrir les lieux. Petites balades dans les vignes et discussions derrière l’église devant un paysage à couper le souffle. Le temps passe, arrive le moment de mettre la main à la pâte.

Assignés à la billetterie, nous rencontrons l’équipe qui nous explique notre mission des prochaines heures. Les filles avant nous nous disent qu’elles n’ont pas vu grand monde pendant leur temps en billetterie. Pour le coup, nous avons scanné les billets et enfilé les bracelets aux poignets des festivaliers à la chaine pendant quelques heures. Mission bracelets assez galère au début, qui a hanté mes rêves la nuit suivante… Mais on s’avère mine de rien très vite être un expert de la fermeture de bracelet ! C’était le premier contact avec les autres festivaliers et notre conclusion est alors à ce moment sans appel : les gens étaient tous adorables et prêts à passer un bon moment. 

Pendant ce temps, nous n’avons malheureusement pas pu voir Nilüfer Yanya, Chien Noir, Pépite et Dampa. On a d’ailleurs entendu beaucoup de retours sur Dampa, c’était vraiment énorme parait-il ! Les festivaliers étant quasiment tous dans la citadelle, nous n’avions plus grand monde à la billetterie à la fin, l’occasion de boire quelques coups avant d’aller profiter des concerts nous aussi. 

On souhaite alors bon courage à ceux qui prennent la relève et direction la scène principale pour aller voir Flavien Berger. On arrive juste à temps pour chopper une bonne place vers le devant de la foule. Le public est bouillant, on se met assez rapidement dans l’ambiance et on se laisse emporter par les musiques à la fois posées et mouvementées de l’artiste accompagné de quatre fantômes virevoltants — photo à l’appui !

©Miléna Delorme

Ensuite on a vraiment voyagé en vie sauvage pour le coup avec Ramo et sa scénographie très sylvestre. Première découverte du festival pour moi, j’ai pas mal dansé sur sa musique pop un peu exotique ! La soirée se termine avec Ouai Stephane, ce musicien bricoleur, qui mixe et produit des sons à partir d’horloges et autres objets incongrus. C’était super cool mais la fatigue commençait à se faire sentir, la tenue de la billetterie n’étant finalement pas de tout repos !

Nous avons croisé les bénévoles vus plus tôt en sortant de la citadelle et cette soirée s’est finalement achevée avec certains d’entre eux autour d’un petit apéro improvisé devant le gymnase, l’occasion de connaître un peu plus nos « collègues » du week-end.

Samedi

Réveil en douceur après cette nuit 5 étoiles. Oui oui, seul dans ma tente sur un énorme matelas dans un gymnase donc pas trop de lumière ni de chaleur. Je ne pensais pas pouvoir aussi bien dormir dans une tente à vrai dire ! Le petit échec du matin a été de parcourir les boulangeries à la recherche de viennoiseries mais nous n’étions apparemment pas les seuls sur le coup : elles étaient dévalisées. Donc petit conseil, si vous voulez le tenter l’an prochain, allez-y tôt, vous avez de sérieux concurrents ici. Nous avons pris notre revanche contre le karma cependant avec le repas délicieux que nous a encore concocté l’équipe de cuisiniers à midi. 

Les nuages présents la veille se sont levés en ce samedi, il faut chercher un spot pour se prélasser au soleil maintenant ! Si les transats dans l’herbe à l’entrée de la citadelle se sont avérés être le lieu idéal au départ, on a rapidement été happé par la musique qu’on entendait au loin. On a alors descendu les marches en bas de la citadelle pour rejoindre le camping des festivaliers et on a découvert un coin très posé et vraiment beau. Un petit étang, un atelier massage, un stand de vêtements, des glaces, des espaces pour faire du sport (je vous laisse la place, je le signale juste), un bar (ah vous me trouverez ici par contre), et de la musique super cool toute l’aprem avec Super Daronne et Ciao Soundsystem entre autres.

Après une glace au mojito et une petite bière, je reçois un coup de téléphone, je vais bientôt aller interviewer Voyou. Petit coup de stress pour cette première interview de chanteur (oui oui, beaucoup de première fois en un week-end) mais beaucoup d’excitation aussi, j’ai hâte ! C’est le moment aussi d’envoyer des messages à Ninon de la team Happe:n qui m’a laissé la possibilité de la remplacer pour demande de conseils et remerciements. 

©Ola Terreur

Entretien avec Voyou 

Florian: Tu étais déjà venu à Vie sauvage ?

Voyou: Non jamais, j’en avais beaucoup entendu parlé mais je n’ai jamais mis les pieds ici. Je l’attendais un peu celle là car c’est le genre de festival qui est complet très vite où les gens sont très bienveillants, très cools, très colorés dans des cadres malades, et je pensais pas que ce serait à ce point là. Je m’attendais à un truc mignon mais je ne m’attendais pas à ce que ce truc mignon soit dans un truc aussi beau quoi ! Il y a quelques festivals en France comme ça, l’an dernier j’ai fait un festival dans le même genre, Pete the Monkey, petit festival qui reçoit des groupes trop bien dans un cadre super à Saint-Aubin-sur-Mer en Normandie. 

F.: Ta carrière solo a démarré récemment. Ça te fait quoi de jouer à vie sauvage ce soir ?

V.: J’avais déjà sorti un EP un an avant mon album. C’est récent mais j’avais déjà fait une petite tournée avant de sortir l’EP mais là c’est cool, je viens avec un groupe, la formule s’est agrandie. Avant j’étais tout seul pendant un moment. Typiquement, dans ce genre de festival t’es content de venir avec un groupe parce qu’on va jouer sur une grosse scène, il y aura du monde devant nous, et t’as envie de présenter un truc qui soit visible pour les gens. T’es pas juste une personne qui se déplace, même s’il y a des projets comme ça qui sont super. Moi j’avais envie d’élargir un peu le truc, on a une scénographie aussi, ça va être chouette ! Et dans ma démarche artistique ça correspond bien à celle d’un festival comme celui-ci, des trucs DIY (n.b.: « do it yourself » — « faites-le vous-même ») fait avec les moyens du bord qui ravissent tout autant les gens que des trucs faits avec des milles et des cents, à taille humaine. Je sais que je vais pouvoir me balader dans le festival et ça va être cool, voir les artistes que j’aime bien.

F.: Qui est ce que tu veux voir ce soir ?

V.: Marc Rebillet j’ai quand même vachement envie de le voir, en parlant de mec seul sur scène justement ! J’ai envie de revoir Vendredi Sur Mer aussi parce que je l’avais vue juste en showcase et j’ai envie de voir ça sur scène ici. Il y a Flavien Berger qui jouait hier, j’aurais bien voulu voir ça !

F.: Au niveau de tes musiques, quelles sont des influences ?

V.: C’est assez divers, c’est très générationnel mais autour de moi j’ai pas mal de potes de mon âge qui ont vécu ce truc là avant que le streaming arrive et quand le CD était déjà en train de mourir ; toute cette phase où pour découvrir de la musique t’étais complètement livré à toi-même. T’allais plus dans les FNAC, tu prenais plus les CD sur les devantures, t’écoutais plus la radio et t’avais internet qui était un outil génial avec un puits sans fond de culture. J’ai donc beaucoup téléchargé de musiques qui n’avaient rien à voir les unes avec les autres, de plein d’époques, de styles et de pays différents. J’ai aussi beaucoup traîné chez le disquaire pour acheter des vinyles à ce moment-là. J’ai encore aujourd’hui gardé ces méthodes pour découvrir de la musique et ce sont donc des influences assez variées. C’est un peu une période bâtarde mais je me sens très chanceux d’avoir connu ce truc là au moment où mon cerveau était en ébullition et que j’avais envie de découvrir plein de choses.

©Mikael Vojinovic

F.: Et tu as suivi ces influences pour chanter français dans tes musiques ou ça s’est fait naturellement ?

V.: J’ai pas trop réfléchi à ça, j’ai pas la prétention de chanter une langue qui n’est pas la mienne. J’ai joué que dans des groupes où ça chantait anglais avant mais il a fallu qu’on digère la musique que nos parents écoutaient, où c’était plutôt de la soupe à la fin. C’était soit des chansons à textes soit de la grosse variet’: il n’y avait rien au milieu. Il n’y avait pas de musique un peu indé où ça chantait français, à part Sébastien Tellier et Frànçois & The Atlas Mountains, peu de monde faisait ça. Et quand des groupes comme La Femme sont arrivés, je trouve que ça a marqué vraiment une transition, on s’est dit « ah mais en fait on peut chanter en français en faisant de la musique pas forcément variet’ ou guitare folk » !

F.: Tu étais dans des groupe avant. Pourquoi as-tu ressenti le besoin de te lancer dans une carrière solo ?

V.: J’en avais envie et c’est arrivé au moment où, pour plusieurs raisons, j’avais plus de boulot. Ce n’est pas la raison la plus bandante du monde mais j’avais besoin de bouffer, de récupérer mon intermittence tout ça. Je crois que j’en avais marre de jouer pour les autres, ça faisait très longtemps que j’écrivais des trucs. J’avais envie de voir si ça pouvait intéresser les gens et ça m’excitait de pouvoir tout maîtriser dans un projet, en tous cas de me confronter à des choses que je n’avais pas encore faites. Ça faisait déjà dix ans que je tournais avec des groupes et je savais ce que c’était d’être musicien pour des groupes. C’est pas que c’est la routine mais c’est un travail comme un autre au final d’être musicien, j’avais envie de vivre de nouvelles expériences.

F.: Tu écrivais des textes en plus mais c’est vrai qu’il faut oser les chanter aussi, on ne sait jamais trop au début si on a de quoi être chanteur avant de se lancer non ?

V.: J’ai eu la chance avec les groupes dans lesquels j’ai joué de faire des cours de chant avec les structures qui nous accompagnaient. J’ai pris un peu tout ce que je pouvais mais après quand je me suis lancé dans mon projet au départ j’étais pas un grand chanteur, je me cachais beaucoup derrière des effets. Ensuite j’ai appris à être capable d’écouter ma voix sans grimacer, parce que ça c’est pas évident. Maintenant j’arrive à passer à coté et me dire si c’était juste, bien interprété… Mais ça m’a demandé beaucoup de travail. J’ai fait un an de tournée avant de sortir le premier EP. 

F.: Les expériences que tu racontes dans tes musiques comme dans Les trois loubards par exemple, c’est du vécu ?

V.: C’est des mélanges de fantasmes et de choses qui sont réellement arrivées. Je me suis déjà fait racketté plusieurs fois dans la vie, tapé dessus quelques fois aussi. C’est un mélange de ça et des questions que je me suis posées après que ce soit arrivé. Plutôt que de simplement me dire « cet enfoiré, il m’a carotte mes trucs », j’essaie de me demander pourquoi le mec a fait ça. De prime abord, il n’avait pas l’air d’être un gars méchant, peut-être qu’il en a besoin, c’est peut être un partage des richesses (rires) ! C’est un mélange de tout ça et de discussions que j’ai eues avec des potes qui après se sont imaginés tout un tas de trucs qu’ils auraient pu dire au mec. 

J’ai pu faire ma groupie deux minutes histoire d’avoir mes photos de Voyou pour le Instagram de Happe:n et je le remercie d’avoir répondu à mes questions avec détente et bonne humeur. Une séance d’ostéopathie l’attendait avant son concert pour décompresser après la route. Une nouvelle séance billetterie m’attendait de mon côté !

Samedi Soir 

Il est 18h, je retourne à l’entrée de la citadelle rejoindre les autres bénévoles pour la nouvelle tâche du soir qui consistera principalement en la vente de billets « un soir ». La plupart des festivaliers étant déjà arrivés là veille, la mission s’annonce plus cool. Et en effet ça a été l’occasion de discuter un peu plus avec les bénévoles et d’en rencontrer d’autres, une bière ou un verre de vin en main la plupart du temps. Je garde un souvenir assez sympa lorsqu’on est allé chercher un plateau avec le repas du soir pour l’équipe de la billetterie et que tous les festivaliers, revenant du camping nous ont souhaité bon appétit en entrant dans la citadelle. Certains en passant nous ont même fait une distribution de cookies faits maisons « pour notre dessert ».

©Mikael Vojinovic

Les concerts commencent, Saint Dx, C. Froissart et Playtronica jouent sur scène, on s’ambiance de loin, puis ça y est, notre mission s’achève, direction la grande scène. Nous remercions à nouveau les autres bénévoles de la billetterie qui restent jusqu’au bout et nous nous hâtons dans la citadelle.

La soirée commence pour nous avec Voyou, j’avais hâte de le voir sur scène avant le festival, encore plus après l’interview, et je veux carrément le revoir maintenant ! Ça a été l’occasion de découvrir justement les personnes qui l’accompagnaient, et en live ça rendait vraiment super bien. J’ai évidemment décollé sur sa dernière musique Seul sur son tandem lorsque Voyou joue de la trompette. Super concert donc, j’étais lancé pour la soirée ! Première découverte du soir : Jérôme Violent, c’était assez particulier et génial en même temps, le public était survolté, l’artiste sait clairement faire se déchaîner les gens ! Un mois plus tard, les paroles de J’ai pas la place ne m’ont toujours pas quitté !

Petit tour au bar pour refaire le plein de bières et je croise Voyou à ce moment là, toujours aussi sympa, l’occasion de le remercier pour sa prestation. On enchaîne avec Vendredi sur Mer, deuxième groupe que je voulais absolument revoir et j’en ai encore pris plein les oreilles et les yeux. J’étais heureux de revoir les danseurs qui l’accompagnaient, ils sont géniaux, se donnent à fond et sont toujours souriants. Pareil, nous avons pu danser à coté d’eux plus tard pendant le concert de Marc Rebillet, hyper sympas et ouverts à la discussion. J’ai donné mes plus grands déhanchements et hurlements à ce moment-là je pense bien, j’ai vraiment passé une super soirée. 

Nous avons ensuite dansé sur la musique de Todiefor qui remixe les musiques du moment et les rend plus dynamiques, ça devait être l’ambiance ou les bières mais c’était le moment de me surprendre à me déchaîner sur des musiques que je fuis habituellement.

©Miléna Delorme

 

Enfin, Marc Rebillet, tête d’affiche du festival mais de mon côté c’était une découverte. C’est un phénomène, il a clairement retourné la scène et mis le public dans sa poche. Je ne connaissais pas, j’ai mis quelques temps à apprivoiser la bête au début puis j’ai été totalement entraîné au final ! Encore une super découverte et je pense que Marc Rebillet vaut vraiment le coup de le voir en live ! Les concerts sont finis, après quelques allers-retours avec le camping des festivaliers, nous sommes retournés au gymnase. Nous avons partagé ce dernier moment avec les autres bénévoles autour de nos breuvages, avant de rejoindre nos tentes.

Dimanche 

C’est le moment de réunir ses affaires et de décamper, on aide un peu à ramasser ce qui traine dans le gymnase. On récupère au passage des bénévoles perdus sans covoit’ pour les ramener sur Bordeaux. Puis on retourne chez nous comme si de rien n’était, deux jours plus tard avec de super bons moments dans la tête et de superbes rencontres, avec trois idées en tête : revoir certaines personnes, refaire du bénévolat en festival et revenir à Vie Sauvage l’année prochaine !