Le Rocher de Palmer enrichit sa carte culturelle

Tenter de détailler les différents fronts sur lesquels s’active le Rocher de Palmer reviendrait à ouvrir une à une des poupées russes. Soulevez l’une de ses « coques » rouges, et une autre se dévoile. Si beaucoup connaissent le Rocher pour sa programmation musicale pointue, on n’oublie trop souvent qu’il est aussi en pleine émulation la journée : ateliers, formations, visites scolaires, siestes musicales, expositions, projections… Et depuis septembre, il accueille en son antre un espace de co-working : le Forum.

SOUS LE ROCHER, LA CULTURE

Originellement, le mot forum signifie « place du marché, place publique ». Aujourd’hui, il renvoie davantage à Internet où, dès qu’une question nous échappe ou que l’envie nous prend de lancer un débat, nous interrogeons du bout de notre clavier les quelques millions d’internautes présents sur la toile.
Depuis septembre le Rocher possède son Forum, dans la droite ligne de son sens premier : un espace pour échanger mais surtout, pour concrétiser ses idées. « On utilise aussi le terme de co-working qui, finalement, peut être assez trompeur et ne s’adresser qu’à une tranche précise de la population », explique Hervé Castelli, directeur adjoint du Rocher. Avec le Forum c’est un projet au long cours, et porteur des valeurs qui façonnent le lieu, qui est en train de voir le jour. Voilà cinq ans que le caillou culturel cenonnais domine la Métropole girondine. Sans reprendre l’histoire depuis le début, on ne peut que rappeler le rôle clé de l’association Musiques de nuit qui, depuis 30 ans, rassemble un large public sous son étendard culturel. De Musiques de nuit, le Rocher a hérité de son ouverture sur les cultures du monde, ainsi que de son envie de créer des ponts avec les quartiers qui l’entourent. Le numérique est venu parachever l’ensemble, offrant une palette plus riche aux projets de proximité. Aujourd’hui, le Rocher de Palmer ne cesse de créer des propositions et des parcours culturels pour tous – et surtout pour les quartiers prioritaires de la Métropole. C’est dans cette perspective que le Forum a vu le jour.

Forum (Rocher de Palmer)

©Pauline Celle

UN ÎLOT À IDÉE

La création du Forum vient compléter un parcours culturel et entrepreneurial qui s’appréhende étape par étape. Visite guidée.
Le trajet débute avec les formations, essentiellement axées sur la production et la communication digitale. « Ces formations répondent aux objectifs d’insertion sociale et professionnelle que souhaite impulser le Rocher. Mais une fois la formation terminée, que deviennent les participants ? », questionne Hervé Castelli. Après deux mois à produire des contenus sur des équipements numériques performants, chacun repart chez soi, sans aucun moyen de concrétiser ses idées. Dans ce cas pourquoi ne pas les laisser disposer des équipements du Rocher, afin de structurer et professionnaliser leur démarche ? « Avec le Forum, on offre la possibilité aux personnes présentes lors des formations de continuer à pratiquer ce qu’elles ont appris », explique François Friquet, en charge du projet.
Ainsi, pour ceux qui le souhaitent, direction la deuxième étape du parcours : le Forum. L’artiste de land art Julien Mouroux a notamment emprunté cette voie, et profité des équipements et de l’encadrement pour approfondir son projet. Et puis il y a ceux qui rejoignent le Forum sans passer par la case formation. C’est le cas de l’équipe Ricochet Sonore. A ce stade, et alors que les espaces dits de co-working ont le vent en poupe, je me demande ce que peut apporter ce nouvel (énième ?) espace de travail en commun. C’est justement la question que je pose à l’équipe Ricochet Sonore, qui accepte de lever le nez de son Mac le temps d’une réponse : «  L’utilisation de l’espace est gratuite, c’est un atout, mais ici on profite aussi de l’incroyable brassage de profils qui fourmillent. Je ne connais pas d’autre lieu possédant une telle émulation », explique Pierre. La voilà la vraie richesse du caillou cenonnais : connecter et rassembler entrepreneurs, associations et artistes. « Le Rocher est connu comme un lieu culturel, mais nous valorisons aussi énormément les démarches locales », rappelle Hervé Castelli.
Reprenons donc notre route. Après s’être formé sur les différents outils numériques du Rocher (formations), après avoir créé un contenu pour notre projet et concrétisé notre démarche artistique et/ou professionnelle (Forum), il reste une troisième et dernière étape. En 2016, le Rocher compte bien pousser sa logique d’accompagnement au bout en lançant sa pépinière d’entreprises culturelles. Destinée aux jeunes entreprises (moins de trois ans), elle proposera un accompagnement dans la gestion administrative et juridique d’une structure, ainsi que des conseils sur les financements européens.

Voilà, fin de parcours – ou plutôt, ce n’est que le début. Après quelques virages, c’est une véritable autoroute qui s’ouvre aux porteurs de projets culturels et aux entrepreneurs locaux. Finalement, en se saisissant d’un concept en vogue (le co-working), le Rocher déroule un formidable espace de travail et d’expérimentation. A chacun de se l’approprier et d’aller au bout de ses idées.

©Pauline Celle

©Pauline Celle