Le Labo photo, foisonnements photographiques…

En prenant le TRAM C on arrive à la gare saint Jean. On remonte ensuite la rue de Béziers pour prendre la rue Fieffé que l’on remonte alors jusqu’au numéro 62. Une sonnette, la porte s’ouvre.

On atterrit dans la cour d’un ancien collège qui abrite provisoirement les différentes structures qui composent la fabrique Pola. Quelques mètres sur la droite et l’on se trouve devant la porte du Labo photo ou Elisabeth Thiallier, la directrice de l’association nous accueille. Direction le réfectoire où autour d’une tasse de café (et même de plusieurs) elle nous raconte le Labo….

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L’accès à la photographie pour tous les publics (photo Labo photo)

Un labo voyageur

Le Labo a commencé en 2000 au 30 rue Bouquière dans le centre de Bordeaux. A l’époque, il s’agit d’un open space et si la pratique photographique est déjà présente, le lieu laisse une grande place aux pratiques artistiques, dont la danse. L’organisation implose rapidement et seule l’activité de photographie reste présente. Le lieu est grand, il faut payer le loyer et le chauffage. L’envie de partager et d’échanger fait que le Labo privilégie déjà la formation à la culture de l’image et l’accès aux pratiques photographiques. Des expositions sont proposées pour accompagner les jeunes photographes et un laboratoire argentique est à disposition des membres. A cette époque, le Labo est alors la seule association proposant ce type d’activité à Bordeaux, il répond à une réelle demande.

Dans les années qui suivent, l’asso intègre la Fabrique Pola. Les points de vue sont convergents et la Fabrique ne dispose pas encore d’un acteur lié à la pratique photographique, l’intégration du Labo est donc naturelle. Pendant quelques temps, la Fabrique est même hébergée rue Bouquière avant un déménagement durant l’été 2007 rue Corneille, aux Bassins à Flots, où toutes les structures composant Pola se retrouvent enfin en un lieu unique. Viendra ensuite un second déménagement de la Fabrique dans les locaux de l’ancien centre de tri postal à Bègles, puis un troisième déplacement, précipité, début 2016, rue Fieffé à Bordeaux, avant de rejoindre, si tout se passe bien, durant l’été 2017, des locaux définitifs dans l’ancienne usine de peinture Pargade sur les quais rive droite à coté du pont Bacalan Bastide. Depuis 2007 et l’installation rue Corneille, la fabrique Pola est en recherche d’un lieu d’installation définitif. Cette incertitude concernant l’hébergement fragilise la programmation et les activités des associations composant la Fabrique. Le Labo est donc logiquement impacté.

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Carambolage des pratiques. Deux images d’une série exposée dans le cadre de 6X9 et des tirages barytés en train de sécher (photo Labo photo)

Des activités variées

Aujourd’hui, du fait de son histoire et de son cheminement, le Labo est assez protéiforme, il part dans de nombreuses directions. L’association a toujours programmé des expositions , celles-ci étant le plus souvent liées à des rencontres humaines. Si le courant passait avec le photographe et que le sujet plaisait , une exposition pouvait se monter assez rapidement. Un membre avait une passion communicative pour la gare de Canfranc ? Un voyage était organisé et débouchait sur une expo à Bordeaux et à Canfranc.

Si ces expositions ont été un temps mises en suspens, elles ont repris lorsque l’association s’est installée dans l’ancien centre de tri postal à Bègles avec, entre autre, la création de 6×9, un programme visant à exposer dans les locaux de Pola des photographes émergents donc le cheminement est lié à celui du Labo. Le déménagement rue Fieffé a temporairement interrompu 6×9 mais la programmation devrait reprendre vie début 2017, hors les murs, en partenariat avec l’Ascenseur végétal.

Par ailleurs, le grand public connait aussi le Labo pour son marathon photo. Celui-ci est inscrit dans l’ADN de l’asso et il existe depuis les débuts. Le principe est simple, 12 thèmes, 12 photos et 24 heures. L’organisateur remet au participant (ou à l’équipe participante) une pellicule couleur ou un appareil photo jetable et il doit illustrer les 12 thèmes sortis de l’imagination parfois tordue des organisateurs. En 2015, il fallait par exemple illustrer « respire bio », « autre émoi » ou « arrogance ajustée ». La proclamation des résultats a lieu un mois plus tard, et les photos sont exposées au public à l’occasion d’une soirée festive. Comme 6×9, Le marathon a été suspendu en 2016 à cause du déménagement mais reviendra fin mars 2017.

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Le marathon est l’occasion d’une fête lors de la proclamation des résultats (photo labo photo)

Si le marathon fait partie de l’ADN du Labo, il en est de même pour le laboratoire argentique. Celui-ci offre la possibilité aux membres de développer leurs films et de réaliser des tirages. Alors que les années 2000 semblaient signer la fin de l’argentique, le Labo a tenu à maintenir cette image quitte à passer pour un dinosaure ; cette persistance a payé et depuis quelques années, sa fréquentation augmente régulièrement, signe d’un retour aux sources de la pratique photographique par les plus jeunes générations. Il est aussi possible de se former à l’utilisation du labo à travers des stages ayant lieu régulièrement le week-end. L’association est aussi un lieu de rencontre pour ceux qui regardent du côté des pratiques photographiques alternatives : Sténopé, tirage photographique sur émulsion liquide,  photographie végétale, ou encore afghan box. Les échanges permettent d’enrichir les pratiques des uns et des autres.

Le labo numérique connaît aussi un bon succès.  Si le déménagement rue Fieffé paraît avoir généré une diminution des actions, il n’en est rien. Par exemple, depuis fin 2015, l’association, en partenariat avec la mairie de Bordeaux, gère la programmation des expositions photographiques sur les grilles du jardin des Dames de la foi Rue Saint Genès. C’est Pierre Wetzel qui avait été le premier à exposer sur place en novembre 2015 avec une série de portraits parmi lesquels on retrouvait Jesse Hughes, le chanteur des Eagles of Death Metal.

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Pierre Wetzel a aussi exposé ses images au collodion humide sur les grilles du jardin des dames de la foi (photo Ph. Dufour)

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Fabien Robert adjoint chargé de la culture à la mairie de Bordeaux, visite l’exposition de Pascal de Lavergne (photo Labo photo)

Le rapport à l’humain

Une personne extérieure peut facilement avoir l’impression qu’il s’agit plus d’une auberge espagnole que d’un labo ; mais il ne faut pas se tromper, toutes ces activités tendent toujours vers un seul but, faciliter l’accès de tous les publics à la photographie, non pas pour la photographie au sens strict, mais parce que tout le monde a déjà eu un appareil photo entre les mains et a déjà vu des photos. Ce médium facile d’accès permet et facilite le développement de la pratique artistique et donc l’expression de la personne. La formation est toujours très présente que ce soit auprès des adhérents de l’Université du temps libre ou auprès de publics plus jeunes, dans les murs du Labo ou bien à l’extérieur. Par ailleurs, l’association essaie autant que possible de mettre le public en rapport avec les artistes photographes : par le biais de résidences comme celle de la photographe Gédéon organisée en 2015 auprès d’écoles de Saint Michel et Belcier ou via des stages parfois réservés à un public plus spécifique.

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Le laboratoire argentique, connait un regain de succès (photo Labo photo)

Le Labo a aussi toujours souhaité s’intéresser aussi aux publics éloignés de la photographie. Une traumatisée crânienne assistait aux cours du Labo. Devant ses difficultés les formateurs ont décidé en accord avec elle de mettre en place des cours spécifiques à destination de groupes de personnes souffrant du même handicap et pendant plusieurs années,  l’association a organisé des ateliers à destination des traumatisés crâniens. Elle travaille aussi régulièrement avec des EPHAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). Cet engagement auprès de publics aux besoins spécifiques peut s’avérer complexe car il demande sans cesse d’adapter les outils aux publics concernés mais il est aussi très gratifiant puisqu’il permet des rencontres qui sans cela n’auraient pu avoir lieu. Le Labo est donc logiquement perçu comme un acteur important de l’accessibilité à la culture au sein du département.

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Diaporama de l’exposition RVB réalisée par les élèves du Labo (photo Labo photo)

Si l’image vous intéresse, n’hésitez pas à découvrir leurs actions dans la ville ou au sein de leurs locaux. Je l’ai fait il y a trois ans maintenant en adhérant à l’association et rien ne me ferait revenir en arrière.

Quelques dates à venir:

– Samedi 26 novembre, vernissage de Solitudes Urbaines de Marc Montméat sur les grilles du jardin des dames de la foi, rue Saint Genès

-Vendredi 16 décembre, vernissage de connivences #2, photographies de Christophe Boëry et des résidents de l’EPHAD Bossège St Laurent du Médoc, hall de l’immeuble Gironde-Conseil départemental de Gironde, esplanade Charles De Gaulle.

– Fin janvier, reprise de 6X9 à l’ascenseur végétal

– Samedi 11 février, Claire Soubrier rue Saint Genès

– Vendredi 31 mars, seizième édition du marathon photo

– Samedi 3 juin, Alain Laboile rue Saint Genès