L’ATELIER DUPLICOCLUB DE DISPARATE AU CAPC

Aperçu de l’atelier Duplicoclub proposé par Disparate tous les premiers dimanches du mois au CAPC jusqu’au mois d’avril. 

Rencontre avec Pauline Lespiau, fondatrice de Disparate, association bordelaise qui vient d’installer l’atelier Quelque Chose De Beau Geste En Commun depuis le début de l’année au CAPC à l’occasion de leur dernière exposition autour d’un collectif d’édition indépendant. C’est ici l’occasion de revenir sur cette collaboration, sur la génèse du projet et sur leur actualité 2017.

Maylis Doucet : PEUX-TU NOUS PARLER DE DISPARATE EN QUELQUES MOTS ?  

Pauline Lespiau : L’association a été créée en avril 2013 avec l’idée d’ouvrir un lieu de diffusion dédié à la microédition et au fanzine basé sur l’idée d’économie solidaire et sociale. C’est ouvert à toute personne qui s’autopublie et souhaite déposer des éditions dans notre petite librairie à Saint-Michel.

Le principe, c’est que l’on ne prend aucune commission sur les ventes. Par conséquent, pour générer de l’auto-financement , on invite les membres de l’association à participer à des projets collectifs, des éditions qui sont vendues pour soutenir l’association. Notre fonctionnement collaboratif et solidaire permet aux artistes de vendre leurs travaux au prix qu’ils décident et au public de pouvoir acheter des éditions rares – car tirées en très peu d’exemplaire – à des prix très accessibles. (De prix libre à 30€ en moyenne)

Vue du local de l’association Disparate situé au coeur du quartier Saint Michel au 31 Rue Bergeret à Bordeaux.

COMBIEN ÊTES-VOUS DANS L’ASSOCIATION ?

Après quatre ans, nous sommes maintenant 150 membres dont 40 sur la métropole bordelaise et une vingtaine de personnes très investies comme Duch, Thibault Gleize, Mathieu Freak City, le collectif SapinRandom Pixel Order, Adèle Frostin, Toff et Mehdi Beneitez , l’Insoleuse… On a aussi une dizaines d’adhérents à l’étranger. 

COMMENT FEDERER UN TEL RÉSEAU ?   

Disparate a pour but de construire un réseau qui se développe grâce au bouche à oreille. Au fur et à mesure, on connaît presque de visu tous nos adhérents. Pour ceux que l’on ne connaît pas encore, il y a le projet du Zinefest, festival qui se déroule au marché des Douves, durant lequel on invite les adhérents de Disparate à Bordeaux. Le Zinefest permet d’affirmer que nous ne sommes pas qu’une librairie mais bien une association qui a pour but de faire vivre un lieu indépendant et solidaire.

QUELLES ACTIONS PENDANT L’ANNÉE ?

Nous allons à la rencontre du public sur des événements précis comme des rencontres de microéditions, mais aussi des fêtes de quartiers, des marchés de Noël ou de créateurs, des évènement DIY. On essaye de faire découvrir la microédition à un nouveau public qui n’aurait pas forcement l’idée de passer à notre librairie ou d’acheter des fanzines. C’est une grosse partie de notre travail. Généralement, nous nous déplaçons avec l’intégralité des fanzines, un exemplaire de chaque ce qui nous permet de diffuser le travail de tous nos adhérents, ça représente déjà presque 300 éditions !

Tirages qui séchent dans l’atelier Quelque Chose De Beau Geste En Commun installé pour l’occasion au CAPC. 

PEUX-TU NOUS PARLER DE VOTRE COLLABORATION AVEC LE CAPC ? 

La première fois que nous avons travaillé avec le CAPC, c’était pour les ateliers BÔ destinés aux enfants en avril 2015. Ça s’est vraiment très bien passé avec l’équipe du CAPC et les kids ! Puis nous avons été invités à intervenir pour les journées du patrimoine en septembre dernier. Là encore, super expérience ! Quand le projet de Beau Geste Press a pris forme, nous avons rencontré Thibault Mahieux du département des publics et  Alice Motard, commissaire de l’exposition, pour discuter de leur projet d’espace atelier en lien avec l’exposition Beau Geste Press. Avec Stéphane nous rentrions juste de notre périple de 3 semaines au Royaume Uni –  le Fanatic Magazine Tour – et le projet nous a directement parlé. Pour l’anecdote nous avons découvert qu’ils avaient fait sensiblement le même voyage que nous dans les années 70 !

QUELLES SIMILITUDES ENTRE BEAU GESTE PRESS ET DISPARATE ?

On a un peu halluciné quand on a eu les archives de Beau Geste Press dans les mains, ça faisait vraiment échos à notre pratique.

Beau Geste Press a été très productif, et a multiplié les échanges et les collaborations. À l’origine c’est un couple de mexicains qui est parti s’installer dans la campagne du Devon avec leurs enfants. Ils ont monté une maison d’édition qui s’appuie sur la correspondance entre différents pays. Des artistes du monde entier sont venus produire et travailler dans cette ferme anglaise en même temps qu’ils imprimaient leurs livres. Clairement c’est un peu mon rêve mais sans la campagne !

Avec Disparate, nous sommes sur le même fonctionnement, en proposant un « vivre ensemble » en faisant ensemble.

Cabane Disparate installée à l’entrée de la troisième édition du Zinefest au marché des Douves à Bordeaux. 

QUELLE EST VOTRE PARTICULARITÉ ?   

À Disparate, il y a cette spontanéité et cette espèce de coexistence parfois bancale mais qui crée une ambiance, entre les éditions, les gens. Pour nous ce qui compte c’est de soutenir les initiatives indépendantes, de les encourager et de faire en sorte que les gens se rencontrent. Par exemple, les apérozines ou les goûters avec les enfants sont souvent libres, et la forme finale est moins importante que le dispositif que l’on met en place pour que les gens se sentent libres de participer.

COMMENT VOUS ETES-VOUS INSTALLES DANS LE CAPC ?

Actuellement, nous avons un atelier dans l’espace Quelque Chose De Beau Geste En Commun, juste en face de l’exposition de Beau Geste Press. Nous avons installé notre imprimante Riso pour pouvoir imprimer directement ce que nous produisons les dimanches du DuplicoclubC’est très marrant de travailler dans un tel lieu, il nous arrive même de proposer une médiation improvisée quand nous venons travailler en dehors des ateliers programmés.

QUEL ATELIER EST PROPOSE ?

Tous les premiers dimanches du mois jusqu’en avril, nous organisons des ateliers gratuits et sans inscription de 14H à 17H, le Duplicoclub. Sur une grande table, nous mettons à disposition du papier et des stylos. Les visiteurs dessinent sur la nappe de papier dans laquelle nous découpons des formes au fur et à mesure  que l’on imprime directement en risographie et que l’on fait sécher. On joue la surimpression et la série. Par exemple, on imprime des dessins oranges sur des dessins en bleu. On a l’intention de produire 50 exemplaires tous différents mais toujours avec le même nombre de pages.

QUI SONT LES AUTRES INTERVENANTS DU CAPC ?

Il y a l’association l’Insoleuse qui propose des ateliers de sérigraphie. Il y aussi l’école d’art d’Angoulême qui travaille à la réalisation d’une édition tirée à 2000 exemplaires. Ce serait le SCHMUCK numéro 10, la suite des éditions des années 70. Il y a également Our Fortress qui va proposer de la performance, l’atelier Bulk, l’école des Beaux-arts de Bordeaux… Je vous invite à consulter le programme ! On ne se connaît pas tous mais il y a cette idée de produire quelque chose en commun ensemble à travers plusieurs objets édités qui se répondent et se mélangent. Enfin bon, c’est très stimulant tout ce qui se passe ! C’est vraiment très chouette qu’un musée d’art contemporain mette en lumière des pratiques comme les nôtres, et surtout le fait de les mettre en perspective avec le travail de Beau Geste Press. C’est une vraie reconnaissance de notre démarche.

QUELS SONT LES PROCHAINES DATES A RETENIR ? 

Le prochain et dernier atelier DUPLICOCLUB au CAPC aurait lieu le 2 avril ! 

Le 22 avril, nous serons au festival Indélébile, rencontre de micro-édition à Toulouse. 

Du 26 au 28 avril, nous organisons une rencontre dédiée aux enfants avec la fanzinothèque de Poitiers et la « Fanzine Camping » de Lyon, qui aura lieu à l’Union St Jean. 

Le 20 mai rendez-vous au CAPC pour la Nuit des Musées ! 

Nous organisons l’exposition TV PARTY à la Galerie des Etables du 24 au 28 mai. Première exposition du collectif Mondo Zero qui rassemble Duch, Mathieu Freak City, Nicolas Oules et Thibault Gleize. 

Et le plus gros pour la fin, le Zinefest #4 se déroulera du 5 au 9 juillet ! 

Photos de Disparate.

Propos recueillis par Maylis Doucet

Retrouvez l’article écrit par Manon Locteau en novembre 2013 pour revenir sur les débuts de l’association Disparate.