Hélène Soulier par Antoine Delage

Madame H:# 19

Notre Madame H: du mois de novembre est Hélène Soulier, Maître de conférence à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux et paysagiste indépendante !

Héléne Soulier
Paysagiste indépendante et Maître de conférence

H • • • ­ Qu’est-ce qui te fait lever le matin ?

J’aime avoir toujours un projet en route avec mes étudiants et mes collaborateurs, ne pas savoir où l’on va, prendre des risques, découvrir où l’on va aboutir et par quels moyens nous allons y parvenir. J’aime que chaque jour laisse place à l’intuition, l’incertitude. Sinon, je préfère ne pas me lever.

A • • • Petite, que voulais-tu faire plus grande ?

Partir de la campagne où je m’ennuyais, tout en conservant la liberté d’aller renifler où bon me semble — une habitude prise dans ce territoire où aucune limite ne nous stoppait. Cette liberté guide d’ailleurs encore aujourd’hui mon travail. Je suis paysagiste, mais j’enseigne dans des espaces mêlés : en architecture, avec les Beaux Arts, ici et à l’étranger. J’accorde autant d’importance à ma discipline qu’à la transdisciplinarité. Il faut fuir les certitudes, surtout quand elles commencent à dater…

Hélène Soulier par Antoine Delage                                                                          Hélène Soulier par Antoine Delage

P • • • Qu’est-ce que tu faisais il y a 10 ans ?

J’arrivais à peine de Paris où j’avais enseigné dans plusieurs écoles d’architecture, j’avais une thèse sur le thème des friches urbaines, j’étais praticienne. Fraîchement nommée maître de conférences à l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux, je suis arrivée en pleine grève des enseignants et des étudiants, car je n’étais pas attendue à ce poste ! Je suis donc assez vite rentrée dans le vif du sujet, profitant de ces remous pour faire ce que j’avais envie de faire : bouger les lignes, explorer les marges, utiliser les outils de l’art pour trouver de nouvelles expressions sur le paysage, favoriser plutôt l’enseignement du process que celui de la forme.

P • • • ­ Bordeaux, ville bourgeoise ou punk qui vit dans les caves ?

« Punk » ? c’est de la provocation ou quoi ? 😉

E • • • Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux ?

Il va bientôt manquer de terrains vagues et de friches, des espaces autres où les choses peuvent advenir, où des gens peuvent s’abriter et faire ce qui leur correspond. Bref, des lieux qui ne rapportent pas. Des lieux où ceux qui n’ont pas de place dans la ville planifiée et normée peuvent se faufiler.


: • • • Tes projets dans un futur proche et lointain ?

Recommencer à écrire sur le paysage pour une recherche personnelle, en recomposant tout ce que je fais depuis 10 ans : l’enseignement, la réforme de notre discipline, la théorisation du paysage. Je souhaite réfléchir plus qu’avant sur le paysage comme notion mutante, fragile et qui change dès qu’on l’a saisie.

N • • • Si tu élisais un Monsieur ou une Madame HAPPE:N ?

Didier Lechenne. C’est un graphiste indépendant qui enseigne aux Beaux Arts. De l’air frais !