Madame H: #23

 Notre Madame H: du mois d’avril est Marine Deloupy, programmatrice au cinéma Les Colonnes à Blanquefort !


Marine Deloupy,
Responsable du cinéma Les Colonnes

© Antoine Delage


H • • • ­ Qu’est-ce qui te fait lever le matin ?

Le réveil bien trop matinal de mon amoureuse d’une part puis énormément de café de l’autre. Ha, j’oublie le chat qui gratte sans arrêt à ma porte… L’optimisme et l’utopie sont des facteurs plutôt motivants aussi. J’ai la chance de faire un travail qui me plaît et me donne envie de me dépasser. Gérer un cinéma, c’est travailler pour et avec des humains, agir sur leurs émotions, divertir, éduquer, créer des possibilités de rencontres et de discussions entre les gens. C’est avoir l’occasion de mettre en pratique une utopie de lieu ouvert sur l’autre. Les spectateurs peuvent se l’approprier et y habiter le temps d’un film afin de décentrer leur regard, découvrir d’autres réalités, et travailler leur ouverture d’esprit.

A • • • Petite, que voulais-tu faire plus grande ?

Petite à quel point? ( rire )
J’ai eu pas mal de phases plus ou moins réalistes… D’abord, je voulais être cuisinière puis agent double ou braqueuse de banque! Le premier métier par gourmandise et envie de faire plaisir à l’autre, les deux autres par sens du défi et du jeu. Ensuite, j’ai pensé à être prof, éducatrice spécialisée, créatrice de slogans publicitaires, journaliste, anthropologue, ethnomusicologue, cadreuse, gérer une salle de concerts ou un autre lieu culturel… Mais travailler dans l’exploitation cinématographique est pour moi un heureux concours de circonstances qui me permet, mine de rien, de continuer à vivre de nombreuses vies.

P • • • Qu’est-ce que tu faisais il y a 10 ans ?

J’étais étudiante en anthropologie, bénévole dans l’asso L’AUTRE et au défunt SON’ART. Je dois dire que j’étais plus souvent fourrée dans des concerts que sur les bancs de la fac!


© Antoine Delage


P • • • ­ Bordeaux, ville bourgeoise 
ou punk qui vit dans les caves ?

Vieille bourgeoise schizophrène qui a du mal avec les punks du sous-sol mais reste nostalgique de l’époque SIGMA! Bordeaux s’est enrichie en grande partie sur le commerce triangulaire mais n’assume pas tout à fait ce passé, se dit rock quand ça l’arrange mais ferme les lieux culturels alternatifs les uns après les autres.


E • • • Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux ?

Il manque quelque chose en matière de soutien culturel aux structures qui sortent un peu du cadre. Beaucoup de lieux qui portent des projets sur la ville sont sans cesse entrain de lutter face à des coupes de subventions, doivent fermer à cause de problèmes de voisinage…Une grande partie de ceux qui font la richesse de la ville sont précaires et doivent lutter pour des actions qui servent à la ville et à ses habitants, c’est absurde.


: • • • Tes projets dans un futur proche et lointain ?

Côté boulot, dynamiser la vie du cinéma à travers une programmation qualitative et un travail d’animation de la salle de ciné menée en partenariat avec notre équipe, les associations locales et les spectateurs.
En dehors, voyager plus, faire plus de musique et de scène, continuer de rire, de vivre et d’aimer, bref, ne pas devenir aigrie!

N • • • Si tu élisais un Monsieur ou une Madame HAPPE:N ?

Il y en a tellement!
Je pense à Joana Jauregui et Benoit Lagarrigue qui ont créé l’association Les Ateliers à Ciel Ouvert et mènent de très beaux et sensibles projets à partir de l’outil cinéma et avec des publics dits empêchés.
Je pense à Caroline Corbal, indéfinissable artiste-chercheuse-rêveuse aux mille talents. A « Reine Christine », présidente increvable de l’association cinémarges et aux nombreux potes qui se bougent pour que le queer infuse à bordeaux.

Aux nombreuses personnes qui gèrent des structures avec un idéal artistique, culturel et social fort, qui forment des gens, luttent et se bougent pour des idéaux au travers des structures suivantes!  l’asso Mana, la cimade, Chahuts, Du chien dans les dents, le point mobile,Bordeaux Rock, Art-normes, MC2a, La Made school…

Bon j’arrête là, on dirait un discours de Miss France! ( rire )