Monsieur H: #17

Notre Monsieur H: du mois de septembre est Michel Dusclaud, consultant international !

Michel Dusclaud

Mémoire vivante

H • • • ­ Qu’est-ce qui te fait lever le matin ?

J’adore le matin. Je me lève toujours en forme et jamais du pied gauche, même s’il m’est arrivé de me coucher de mauvaise humeur. Chaque nouveau matin est un espace merveilleux qui me permet d’être efficace dès le réveil. Dès mes deux premières heures, je fais la moitié de ma journée.


A • • • Petit, que voulais-tu faire plus grand ?

Petit, je voulais être conducteur de tramway puis commissaire de bord dans un bâteau. Le commissaire anime le paquebot et prend soin des passagers. Il faut savoir que mon père et mon frère étaient tous deux matelots, j’ai donc grandi dans cette mythologie. Lorsque, dans ce salon de style années 30 du Queen Mary à Long Beach, en Californie avec des amis américains, je me suis installé à ce piano, j’ai vu un rêve se réaliser.

À Bordeaux, ayant été conseiller de Chaban, je l’ai consulté concernant l’enlèvement des premiers tramways en 1958. Il m’a alors expliqué qu’à l’époque, il y avait de nombreuses grèves de traminots et un chiffre impressionnant d’accidents avec les vélos et mobylettes.

P • • • Qu’est-ce que tu faisais il y a 10 ans ?

J’étais en poste à Paris IV dans un centre d’Histoire moderne. Je travaillais sur les problèmes de l’Asie du Nord-Est dans le cadre d’un think tank avec les États-Unis mais également sur le Maroc et la société marocaine. Ce sont des études de sociologie qui ont donné lieu à des publications. Je donnais également des cours à Kedge, l’école de commerce. J’ai pris ma retraite du CNRS en 2012 et je suis parti au Maroc pour prolonger mes travaux sur les enjeux de la société marocaine.

P • • • ­ Bordeaux, ville bourgeoise ou punk qui vit dans les caves ?

Tu as vu mes salons bourgeois… J’ai également des caves, qui ont été plus punk que bourgeoises. Donc l’un n’empêche pas l’autre.

E • • • Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux ?

Il manque quelque chose sur le plan culturel. C’est un grand centre culturel et je regrette énormément que ça ne se fasse pas. Sur le plan musical tout ce que j’ai connu il y a 30 ans en matière de musique classique lyrique à disparu. Ce qui se faisait était extraordinaire, le chœur de Bordeaux, les expositions, les manifestations… Il y avait des équipes musicales en place qui avaient fait un travail considérable, mais ça a disparu… Il manque de grands événements sur Bordeaux étalés sur toute l’année, des événements de notoriété. Par exemple nous n’avons pas de grand festival de cinéma mais la ville de Bordeaux a la dimension pour en avoir un comparable à celui de Cannes. Elle a tout pour le faire, la notoriété, les infrastructures… Le nombre de touristes chute en hiver, c’est donc à cette période qu’il faudrait mettre en place ce festival. Il permettrait de densifier et répartir le tourisme.

Il y a aussi un problème de configuration de la ville.  Toulouse, par exemple, a deux fois plus d’habitants dans la ville centre ! Au 19e siècle ils ont fait adhérer un tas de communes, ce qui a permis d’avoir une politique plus importante donc plus de fonds dans la ville centre contrairement à Bordeaux qui est sur un petit espace. C’est aberrant. J’avais préconisé en matière touristique la métropolisation, maintenant elle s’est faite obligatoirement mais c’est une évidence. Bordeaux, la ville, l’agglomération a un secteur sauvegardé magnifique, elle a des grandes propriétés de vins dans la ville et a aussi un patrimoine aéronautique exceptionnel qui peut susciter également un tourisme technologique. Il y a toute une terre à Bordeaux qui n’est pas exploitée ! Elle n’a pas une exposition très claire de l’intégralité de sa composition. Il faut intégrer le tourisme à la périphérie de Bordeaux.

: • • • Tes projets dans un futur proche et lointain ?

J’essaie de faire partager un joli patrimoine du 19e siècle. J’ai le même plaisir de vivre qu’hier, mais avec la conscience de sa fugacité. Jouir intensément du moment présent.

N • • • Si tu élisais un Monsieur ou une Madame HAPPE:N ?

Le choix est très difficile… Je pense à Jean-Pierre Errath, un architecte du patrimoine qui fait un travail magnifique.