MUSICAL ECRAN : les envies de l’an 2

« Sur l’écran noir de mes nuits blanches », chantait Claude Nougayork, « moi je me fais du cinéma »… Miroir des fantasmes les plus fictionnels, l’écran de cinéma sert désormais à refléter le réel à travers Musical Ecran, seul festival de films documentaires musicaux en France (j’ai vérifié sur Google).

Alors que le festival a démarré hier soir, Happe:n a posé des questions à Richard Berthou, tête chercheuse de Bordeaux Rock et co-programmateur de cette deuxième édition. On y va ? Les chakras sont bien alignés, l’esprit est ouvert à l’Afrique, aux sexualités, aux musiques venues d’un peu partout… Un peu notre festival de Cannes à nous, quoi.

H – D’où vient le nom du festival ? C’est une blague ?

On n’avait pas envie d’un truc branché et opaque afin de parler à tous les « Music Lovers »… Parfois le premier degré c’est plus simple! Les contenus, l’esthétique, le sens c’est ça l’ important bien plus  que le nom en fait… C’est un truc de publicitaire. Nous, on a surtout des idées à vendre…

H – Quelle est le fil rouge de cette deuxième édition ?

La planète bleue! Elle est un peu mal en ce moment mais on pense que les acteurs de la sono mondiale (R.I.P my brotha’ JF Bizot!!)  s’en sortent plutôt mieux parce qu’il y a une nécessité de rester sincère et motivé… Surtout au fond du ghetto de Rio ou en face d’un gros taré qui te pointe une kalachnikov sur la tronche à Bamako ou en Indonésie! T’es pas là pour poser et savoir si t’es bien coiffé et que tes baskets sont cools… Plus généralement la vie de personnes exposées et volontaires maintenant ou avant c’est pas un problème, ils ont la même énergie… c’est un peu ça le fond de tous les films qu’on a choisi. Un documentaire ce n’est pas glamour et marketing … C’est la vraie vie et ça nous plaît !

musical écran

H – Quelle place occupe la musique (plutôt rock) aujourd’hui à Bordeaux ?

Toujours la même : des excellents groupes au fond des caves, un vrai son qui vient de cet environnement toujours aussi schizophrénique… Dans une ville où il est encore possible d’expérimenter même si tout le monde s’en tape… Mais comme il y a de plus en plus de gens et donc une plus grande variété de tribus… Tout est possible ! Mais Musical Ecran n’est pas un festival de « films rock » attention. On est ouvert à tous les styles dès lors que c’est sincère.

H – L’image est elle parfois plus rock que la musique ?

C’est clair ! Il a fallu 30 ans en gros pour reconnaître la réalité de cette prédominance, maintenant tout le monde à compris, il y a même des écoles pour apprendre « les arts visuels »… L’image est une science, et il faut trier comme partout le bon grain de l’ivraie. C’est très important pour nous d’être constamment en éveil, des films peuvent se caler en dernière minute dans la programmation car le réel a ses exigences… Et c’est justement ce réel caché derrière les paillettes du music-business qui nous fascine en profondeur… Les luttes, identitaires, sociales, tant personnelles que politiques pour y arriver sont fondamentales. Et Musical Ecran veut leur donner une résonance.

H – Quels films conseillez-vous en priorité ?

Tous, il y en a tellement ! La programmation est très dense ! Il fallait déjà venir voir hier soir pour « They will have to kill us first » de Johanna Schwartz, que j’avais découvert à Barcelone. Ce film produit par BBC World raconte la fantastique épopée de musiciens maliens qui fuient la guerre civile pour enregistrer un disque à Londres et ouvrir pour  Damon Albarn sur sa tournée… Ce sont les Songhoy blues !  C’est également un très beau beau portrait des chanteuses Khaira et Disco également qui réussissent à donner un concert à Tombouctou où la musique était interdite par les islamistes… Pour la suite, demandez le programme !

Avec des films et des débats autour de George Delerue, Lalo Schifrin, Sun Ra, Nina Simone, Daniel Johnston, le Punk indonésien, Daft Punk samedi soir avec Benjamin Diamond en mix… Le choix est plutôt large en effet.

prog

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