Rencontre avec N’a qu’un oeil

Intriguée par l’espace hors-norme N’a qu’un Œil, je suis partie à la recherche de deux femmes débordantes d’énergie qu’il est vraiment difficile d’intercepter !

J’ai pu en rencontrer au moins une, l’administratrice et tellement plus encore de l’association, Jennifer Poirier.

– Peux-tu nous présenter N’a qu’1 œil et ce que tu y fais ?

Nous sommes une maison d’édition qui tient aussi un comptoir d’autres éditeurs. Nous ne sommes ni une galerie ni une librairie, nous sommes vraiment un ovni. Moi, je suis l’administratrice de cette association et je tiens ce comptoir. Je m’occupe principalement de rechercher les subventions de nos projets et de la diffusion de nos éditions.

Carole Lataste est la fondatrice de la maison d’édition. Elle est l’initiatrice de nos projets éditoriaux. Elle crée et coordonne les ateliers qu’elle propose. Bref elle est souvent en train de courir partout !

– Quels types de livres proposez vous à la vente ?

Nous y vendons des livres d’artistes, poésie contemporaine, photos, musiques, architectures, des documentaires, papèterie. On fait aussi des fanzines, ce qui est rare sur Bordeaux. Nous vendons des livres francophones au sens large. Notre sélection se fait beaucoup en fonction des rencontres que nous faisons. N’importe qui ayant un livre qu’il souhaite diffuser peut venir nous le proposer à la vente.

Comme on fait des livres invendables, on vend les livres invendables des autres.

– Et quels types de livres publiez-vous ?

Nous sommes une maison d’édition vraiment pas lambda. On n’édite que nos propres ouvrages, c’est à dire que nous ne publions pas à partir de projet extérieur.

Notre spécialité est de travailler qu’avec des personnes qui n’ont pas l’habitude de faire des livres. Je m’explique.

Carole part à la rencontre de personnes à qui on ne donne pas si souvent la parole et souhaite reconstituer leur langage via dans un premier temps une prise de contact à travers des ateliers.

Par exemple, nous avons travaillé avec des enfants de la DDASS, des personnes en milieu carcéral, des maisons de retraite… La finalité de chaque projets menés avec les personnes occupant ces espaces est un livre.

– Ces ouvrages font donc partie d’une même collection ?

Tous ces projets font partie de la collection « Le Blablabla ».

Il s’agit à chaque fois d’un dictionnaire illustré. On part du principe que tout le monde est spécialiste de son langage, de sa parole. On travaille à partir d’atelier, de résidence où on les incite à écrire et à dessiner. On range leurs productions par ordre alphabétique. Cela donne des choses drôles mais parfois dures aussi comme par exemple en prison. Cela représente les gens eux-mêmes.

– Avez vous d’autres projets de ce type?

On a créé un dérivé avec les lycéens et les projets d’éducation artistique et culturel qui est la Collection « Le Saviez–vous ». Carole est d’ailleurs en train de réaliser la sixième édition. Le but est de rendre compte réellement de leur langue. Cela peut se réaliser sous forme de textes, d’images ou encore de sons.

LoS MUCHoS, le collectif d’artistes composé du couple Carole Lataste et Benjamin Charles a travaillé pour ce projet avec trois classes de lycées professionnels toutes de domaines différents.

Le son ici prend une place importante. Le CD inclus dans l’ouvrage permet une immersion totale et une reconstitution particulière de leurs échanges.

Le collectif Los Muchos utilise certains textes produits par ces ateliers dans ses spectacles.

– Avez-vous d’autres projets ?

Oui, nous avons aussi la collection « Les imageries ». C’est une sorte d’exposition portable.

Carole demande à un artiste, qu’elle choisit de produire spécialement pour le projet, un carnet composé uniquement de cartes postales. Le dernier proposé est de l’artiste Myriam Mechita. C’est une exception à la règle car c’est son travail de manière générale qu’on a mis en imagerie. Cette artiste cherche à reconstituer en peinture un monde qu’on ne peut normalement pas voir. Elle ne travaille ici qu’avec « le rouge photographique ». En référence à ce moment latent ou l’image n’existe pas ou se crée tout juste, la reproduction de cette couleur qui plus est très difficile à reproduire. Nous l’exposons dans notre espace !

Images encore accrochées, n’hésitez pas faire un tour dans cet univers si particulier et si riche qu’est l’espace N’a qu’un œil !

Retrouver sinon toutes leurs actus sur leur page NaKuneil.