Festival Echappée Belle 2022 HAPPEN © Pierre Planchenault

Échappée Belle 2022 – 30 bougies mais pas une ride !

30 ans. Cette date anniversaire fait peur à beaucoup d’entre nous. Pourtant, le festival Échappée Belle, qui fêtait le week-end dernier ses trente années d’existence, n’a pas à s’inquiéter de son avancée en âge : il séduit toujours autant les plus jeunes et attire sans conteste les plus âgés d’entre nous.

Retour sur une journée de festival qui m’a propulsée dans un pays de merveilles, où au détour de chaque chemin m’étaient réservés des délices artistiques, à consommer sans modération !

Commençons par le commencement.

Les bordeluches diront que « Blanquefort, c’est quand même vachement loin », mais avec le tram qui passe à quelques mètres du Parc de Fongravey, un grand parking pour y parquer sa familiale, et pour les plus sportifs, de quoi mettre en sécurité sa bicyclette vintage, il n’y a aucune excuse pour manquer cet événement. En plus, je te garantis qu’on est bien accueilli.e.s à Blanquefort !

Ceci étant dit, nous pouvons continuer.

J’entre sur les lieux du festival, le temps semble se maintenir malgré les prévisions alarmantes de la météo agricole que je consulte depuis le début de semaine. Pas de temps à perdre une fois les portes du Parc de Fongravey passées, je file au prochain spectacle qui est censé débuter d’une minute à l’autre.

Premier spectacle donc, celui du Groupement d’Intervention Chorégraphique de la Compagnie Rêvolution. Le rendez-vous est donné sur le skatepark où le public (transgénérationnel, c’est beau à voir !) prend place peu à peu. Entre l’espace central dégagé pour les danseurs et les gradins où sont placés les spectateurs, plusieurs tableaux se succèdent.

Le premier est athlétique, une manière de mettre en jambe les danseurs qui s’adonnent à des acrobaties de haut vol.

Le second est une valse à cinq interprètes dans laquelle le temps s’étire comme les corps. La ligne de danseurs ne se délite que rarement, pour des échappées en solo permettant de capter l’identité propre de chacun des artistes. Le tout prend appui sur un mur, tour à tour contraignant les mouvements puis espace de rebond. En arrière-plan de tout cela, les avions qui se dirigent paisiblement vers l’aéroport de Mérignac me donnent envie de penser aux voyageurs du monde, au-dessus de nos têtes, assistant à cette parenthèse hip-hop agréable.

Puis deux tableaux s’enchaînent, un premier où des sorciers machiavéliques krumpent en cirés noirs, puis un autre, où les danseurs s’adonnent à une tecktonik en mode « chiens enragés ». Le tout se termine en communion avec le public qui se met à répéter les mouvements d’un chef d’orchestre improvisé (en l’occurrence Anthony Egéa, chorégraphe de la Compagnie Rêvolution et directeur du centre de formation Le Performance).

Festival Echappée Belle 2022 . GIC Rêvolution © Pierre Planchenault

© Pierre Planchenault

Après cette respiration hip-hop, je file vers le prochain spectacle. Cette fois-ci, ce sera du cirque avec la Compagnie 100 issues qui nous propose sa « Sonate pour 4 chiens ». 

L’installation scénographique me fait croire que je vais assister à un spectacle de mâts chinois. En effet, quatre de ces agrès s’érigent fièrement au point numéro 12, extrémité est du parc de Fongravey. Mais que nenni ! C’est davantage une grosse poilade qu’une démonstration technique de la maîtrise de cet art. Les cinq badauds qui nous offrent ce spectacle sont les auteurs d’une grande blague qu’ils mettent en scène drôlement pour faire rire petits et grands. Les deux beatmakers et les trois circassiens qui évoluent dans cette pièce réagissent aux bêtises (ou idées de génie) des autres.

Bref, j’ai plutôt l’impression d’être en soirée dans un chapiteau avec des potes qui tentent les farces les plus loufoques pour me faire rire, qu’assise là au milieu de familles de la métropole bordelaise devant un spectacle jeune public. Mais l’intérêt de cette proposition est ici justement, nous rions tous vivement des situations improbables et sans cesse renouvelées, imaginées par la Compagnie 100 issues. Un spectacle jouissif donc, notamment avec cette fin où les artistes trimballent l’un des mâts dans tous les sens et de manière visiblement peu maitrisée, faisant peur au public contraint de décamper.  Encouragé par les “sortez de là !”, “dégagez !” et autres invitations à quitter le lieu pour éviter un accident plus que probable, c’est sur ce sentiment de panique générale hilarant que se termine l’histoire. 

Echappée Belle 2022 . Cie 100 issues © Pierre Planchenault

© Pierre Planchenault

La sympathique “bousculade” terminée, voilà qu’il est temps de rejoindre la buvette pour un petit verre de rouge en attendant celui qui me faisait de l’œil depuis que j’ai découvert la programmation du festival… : le spectacle « Soka Tira Osoa » de la compagnie Basinga.

Tout commence avec une équipe d’Avengers aux gueules incroyables. L’épopée vers les cieux débute avec une démonstration de force : l’équipe tire des cordages et porte des éléments qui serviront à hisser la corde sur laquelle la funambule réalisera ses danses aériennes. Le public est invité à participer à ce voyage de haut vol en tirant des cordes, le tout sur une musique jouée en live, tour à tour rock puis musique du monde, attisant le caractère inquiétant de la performance. Tout le monde retient son souffle pendant près d’une demi-heure où la souriante funambule danse avec comme toile de fond, un magnifique ciel couchant. 

Alors que les derniers rayons du soleil caressent tendrement le corps de l’acrobate aérienne, nous finissons tous hypnotisés par cet instant de poésie hors sol. Cette parenthèse enchanteresse laisse sur les visages de chacun des sourires enfantins et donne envie de rêver encore un peu plus longtemps.

Echappée Belle 2022 . Cie Basinga © Pierre Planchenault

© Pierre Planchenault

Pour revenir sur terre, rien de mieux qu’un bon concert. Le Parti Collectif et la géniale Rita Macedo s’occupent de tout et mettent le feu au point que la piste de danse ne se désemplira pas avant la toute fin de la soirée, après deux rappels déterminés de tous les guincheurs blanquefortais et d’ailleurs.

Echappée Belle 2022 . Bal de Rita Macedo . Parti Collectif © Pierre Planchenault

© Pierre Planchenault

En définitive, 30 ans c’est le bel âge, celui où tout est encore possible mais où l’on a le bénéfice de l’expérience. Hâte de voir ce que les 31 nous réserveront !

**********
Pour en savoir plus sur le festival Échappée Belle (et ne surtout pas manquer l’édition 2023) :
site internet / facebook / instagram