Madame H: #24

Notre Madame H: du mois de mai est Claire Soubrier, photographe plasticienne !


Claire Soubrier,
Photographe plasticienne

H • • • ­ Qu’est-ce qui te fait lever le matin ?

Forcément, d’un côté pratique c’est le réveil ou les enfants ! Sinon je puise ma motivation dans les gens et mon travail, réfléchir à des dispositifs dans lesquels inviter des personnes à participer, à expérimenter des choses. Je trouve un réel intérêt dans les relations humaines, dans la manière dont on se donne à voir et dont on interagit avec les autres.

A • • • Petite, que voulais-tu faire plus grande ?

J’aimais beaucoup la danse et je me rappelle qu’une de mes tantes m’avait offert un livre sur la danse classique à laquelle je m’étais adonnée durant un an mais ça ne m’avait pas trop plu… Pourtant je suis vraiment marquée par la danse contemporaine et je trouve que c’est un des médiums de l’art qui est le plus accessible car ça parle du corps : tu peux te mettre à la place d’un danseur même si tu n’es pas capable d’effectuer ce qu’il fait, ton corps le ressent. Donc ça maintenant je l’utilise dans mon travail, même si c’est figé il y a un rapport au corps, à un mouvement « subtil ». Sinon je créais des installations avec mon frère, ma sœur et mes cousins : je les habillais et les coiffais pareil avant de les mettre en scène. Aussi, j’ai reçu mon premier appareil photo en 6ème et je photographiais les personnes de mon entourage. En réalité, je n’ai pas de souvenir marquant de ce que je voulais faire plus tard quand j’étais petite, probablement parce que d’une certaine manière, je faisais déjà ce que je fais aujourd’hui.

P • • • Qu’est-ce que tu faisais il y a 10 ans ?

J’étais en 1ère année à l’ECAL, l’Ecole cantonale d’art de Lausanne. Donc j’habitais en Suisse et c’est là où j’ai expérimenté plein de choses, où je me suis rendu compte que ma créativité était intéressante parce qu’on nous demandait de répondre à des projets spécifiques et c’est vrai que j’avais toujours l’envie d’aller au-delà de la « contrainte » qu’on nous proposait, de livrer quelque chose auquel on ne s’attendait pas. Quand on me demandait de faire des portraits de métiers par exemple, la contrainte d’aller à la rencontre des gens et de les photographier ça ne m’intéressait pas car j’en avais déjà l’habitude… Donc pour ce projet, j’ai pris en photo des Playmobil !

© Anthony Fournier

P • • • ­ Bordeaux, ville bourgeoise ou punk qui vit dans les caves ?

Je pense que c’est un entre-deux en fait. Parfois ça manque un peu de s’enfoncer dans le côté punk, Bordeaux peut être un peu trop sage mais il y a quand même des petites choses en ce moment qui me font dire qu’il y a des propositions un peu plus ludiques et qui sortent un peu des sentiers battus. La ville a énormément évolué depuis mon installation, c’est-à-dire lorsque les quais finissaient d’être aménagés au niveau de Saint-Michel. J’ai quand même l’impression que la ville met une grande partie de son budget dans le tourisme et le vin et que ça manque un peu parfois de multiplicité.

E • • • Qu’est-ce qu’il manque à Bordeaux ?

Quand on (avec son compagnon Max Boufathal, ndlr.) habitait à Nantes il y avait l’ancienne usine LU avec une programmation exceptionnelle où je me suis vraiment fait une culture en danse contemporaine. Ça je trouve que ça manque vachement sur Bordeaux, même s’il y a de temps en temps de bonnes pièces mais tout est un peu éparpillé, les lieux notamment. En plus je trouve que ce n’est pas forcément accessible niveau prix quand tu as envie de prendre des places pour différents spectacles… Pour ce qui est des arts de façon générale, il y a peut-être aussi un manque de communication sur les expositions et les évènements. Sinon j’ai hâte de voir la MECA (Maison de l’Economie créative et de la Culture, ndlr.) qui s’installe au niveau du quai de Paludate près de la gare Saint-Jean !

: • • • Tes projets dans un futur proche et lointain ?

Avec Max, on aimerait bien mettre en place des dispositifs lors de soirées événementielles avec un rendu final sous forme de revue par exemple. En parallèle j’ai plusieurs projets dont un que je suis en train de monter pour faire une résidence avec une metteuse en scène. Sinon j’ai un gros projet que j’avais commencé au Pays Basque avec uniquement des femmes, projet que l’on met en place avec l’Association des Paralysés de France. Donc concernant ce dernier, on répond pour le moment à des appels d’offre afin d’obtenir des subventions. Ce serait un gros travail sur un an pour photographier 100 femmes handicapées et réaliser un livre-magazine ainsi qu’organiser une soirée évènementielle pour son lancement.

N • • • Si tu élisais un Monsieur ou une Madame HAPPE:N ?

Je pense au couple qui se cache derrière le Labo Photo révélateur d’images, Elisabeth Thiallier et Christophe Boëry, qui sont très ouverts et actifs. Il y a aussi Nadia Russell et sa Tinbox avec ses expos mobiles et aussi Caroline Corbal. Je pense aussi au couple de graphistes Yasmine Madec et Damien Arnaud à la tête du studio Tabaramounien !