Titouan, hip hop poétique

Ou le duo envoûtant d’un musicien autodidacte et d’un danseur inspirant…

© MBenguigui

Au commencement

D’une rencontre hasardeuse d’un multi instrumentaliste et d’un danseur singulier est né le projet Titouan. Le hip hop et le rap comme le squelette d’un OVNI artistique touchant créé par Titouan et Alex. Lorsqu’ils investissent une scène, on tutoie un univers encore jamais côtoyé : l’un manie le beatbox, la flûte traversière et de la clarinette superbement, l’autre exploite les mouvements de son corps comme on le voit rarement. Un brin nostalgique, leurs performances nous envoient directement dans une contrée jamais explorée. L’émotion que dégage ce duo vient probablement des épopées sentimentales de ces jeunes artistes. Depuis son plus jeune âge, Titouan baigne dans la musique, sa mère est musicienne et lui donne un goût certain pour cet art.  Il voyage beaucoup pendant son enfance, notamment en Afrique subsaharienne où il se prend de passion pour les percussions. Mais son amour inconditionnel pour les instruments à vent vient aussi d’une histoire plus passionnelle. Alors qu’il est en CE2, il s’éprend d’une jeune fille en classe de CM2 qui fait de la clarinette. Ce jour où il la voit jouer, il le garde encore en mémoire. Il rentre chez lui le soir et dit à sa mère qu’il veut faire de la clarinette. C’est en autodidacte qu’il dompte l’instrument et s’essaye également à la flûte traversière, à l’harmonica et au beatbox. Une révélation.

© Nina Bourgeois

Du côté d’Alex, c’est également depuis l’enfance que le goût de la danse lui vient. Sa tante est danseuse et l’invite à pratiquer cette discipline en la suivant dans divers ateliers qu’elle propose, notamment dans des centres sociaux. A cette période, il y rencontre ceux qui deviendront ses professeurs de hip hop et de contemporain. Lors de ses années collège et lycée, pendant que d’autres se contentent d’une routine peu passionnante, il pratique chez lui. Il danse et essaye son corps pour trouver son style, son univers. Mais au lycée, d’autres s’y mettent aussi. Entre amis, ils s’entrainent à inventer un langage unique, une manière propre à eux de bouger. Et c’est tout naturellement qu’il intègre la Compagnie Lullaby juste après le bac, une expérience qui lui permet aujourd’hui d’avoir pu s’essayer à différentes esthétiques allant du contemporain jusqu’à la danse théâtre, en passant par l’entrainement physique du danseur. D’ailleurs, pendant cette formation il mène des projets différents qui lui donnent envie d’aller plus loin : il crée un solo dansé, interprète aussi pour une compagnie et participe à des événements tels que le Carnaval de Bordeaux. Puis il traverse pendant deux ans une période moins intense où il peut prendre du temps pour toucher du doigt une pratique qu’il maitrise désormais : la musique assistée par ordinateur.

© Nina Bourgeois

A l’origine, Titouan lance le projet éponyme en solo mais invite régulièrement des danseurs à partager la scène avec lui. Un jour de mai 2017, il croise la route d’Alex et c’est une évidence : le projet se poursuivra à deux. La première date qu’ils font ensemble est d’ailleurs une consécration : leur performance musicale et dansée présentée lors du Tremplin Musique de R.U à Pessac remporte l’adhésion, et la première place du concours. Prometteur est leur avenir.

C’est grâce à ce succès flagrant dès leurs premières collaborations qu’ils ont l’opportunité de jouer avec les champions de human beatbox du groupe Berywam. Ils assurent alors la première partie de cette tournée en Nouvelle-Aquitaine ce qui donne un écho plus fort à leur travail. D’ailleurs, en Septembre 2017 ils montent sur la scène des Campulsations où 2 500 personnes sont là pour les admirer, un succès de plus qui leur amène à présent quelques groupies en demande de selfies et autres frivolités.

En ce moment

Aujourd’hui, les dates se succèdent un peu partout sur la région. Les périodes de résidences que Titouan et Alex réalisent leurs permettent de créer des spectacles sensibles. Aussi, ils travaillent avec Maxime Fieux et Oliver Henchley respectivement au son et à la lumière. La magie opère lorsque l’ensemble est réuni : leur poésie griffe les cœurs des spectateurs. Et leur hip hop 2.0 transcende sur scène mais aussi dans la « vraie vie ». La médiation est en effet une des missions que se sont donnés les deux artistes du Titouan Project. Cet amour pour la transmission de leurs savoirs vient surement de leurs expériences personnelles. Il y a quelques années, Titouan étudiait la médiation à l’IUT de Bordeaux Montaigne et Alex lui, donne des cours de danse hip hop depuis un moment. Le partage est fondamental dans l’approche artistique de ces deux jeunes hommes. Ainsi, la réalisation d’actions de médiation prend tout son sens pour Titouan et Alex. Ils animent très régulièrement des ateliers danse hip hop, des temps de fabrication d’instruments à vent, montent des spectacles avec des enfants et s’investissent dans des séances de coaching auprès de jeunes afin de les guider dans l’écriture et l’interprétation scénique. Des projets qui ont parfois même permis à leurs publics de réaliser des performances dans un Opéra ! Avec la médiation Titouan et Alex souhaitent partager leur amour pour la musique et la danse, il s’agit aussi de moments enrichissants personnellement et artistiquement qui peuvent parfois influer sur les créations du projet.

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A l’avenir

Le Titouan Project, qui ne s’articulait qu’avec des lives à ses débuts est aujourd’hui en quête de matières. Ainsi, le musicien du duo travaille sur un EP qui sortira au printemps 2020. Mais ce court album ne permet pas de mettre en valeur le travail chorégraphique mené sur le projet. La création de vidéo viendra alors en complément des lives et de l’EP pour valoriser la danse et les arts visuels qui font partie intégrante de Titouan. Sons et gestes seront ainsi sublimés par des créations audiovisuelles qui rendront hommage aux poésies fantasmagoriques élaborées par les deux artistes.

Cela permettra au duo d’amplifier la portée de leur art, car leur soif de la performance est sans limite et ne s’arrêtera pas aux frontières de la Nouvelle-Aquitaine.