SOPHIE DALES_WOLF©Eloise_Vene

Trente Trente 2022 ⚡ Flash portrait ⚡ Sophie Dalès

On y va chaque année les yeux fermés, et on en ressort les yeux écarquillés…
L’édition 2022 du festival Trente Trente à été épargnée et la programmation est IN-CROY-ABLE ! Sophie Dalès, danseuse et chorégraphe bordelaise, présentera la première de son solo Love Me Tomorrow le 26 Janvier à la Bakery Art Gallery. Après plusieurs semaines de résidence à l’Atelier des Marches, la voilà fin prête pour proposer au public cette toute dernière création.

Voici le ⚡ Flash portrait (pas si flash que ça finalement…) ⚡ de Sophie Dalès

  • • • Raconte-moi ton parcours artistique • • •

J’habitais sur Bordeaux où je suivais la formation danse du conservatoire. Puis rapidement, je suis partie pour Montréal où j’ai commencé à travailler avec le danseur et chorégraphe Dave Saint Pierre. Ce voyage m’a également permis de travailler avec d’autres artistes canadiens, comme par exemple Benjamin Read (avec la création Le poulet contre la société) et Francis Ducharme (Celui qui aime est à Dachau).

En parallèle de ces expériences en tant qu’interprète, j’ai réalisé, toujours à Montréal, une maîtrise en danse car étudier était quelque chose que j’aimais beaucoup.

Après ces belles années en Amérique du Nord, je suis rentrée en France et ai pu collaborer avec Carole Vergne, dans le Collectif a.aO. Je faisais également des allers-retours entre Bordeaux et Bruxelles car la ville offre de très beaux lieux culturels particulièrement ouverts à la recherche artistique. J’ai entamé là-bas, avec Morena Prats notamment, de beaux projets et ai eu envie d’aller plus loin dans mon travail de recherche chorégraphique.

Puis je me suis blessée. J’ai senti que j’avais besoin de faire le point sur mes envies, mon parcours et l’avenir que je construisais. En revenant sur Bordeaux quelques années auparavant, j’avais déjà commencé à donner des cours aux danseurs en devenir dans certain centres de formation de la ville. J’aimais beaucoup ce rôle de transmission et ai alors moi-même suivi une formation centrée sur la pédagogie pour les enfants. Aujourd’hui, j’enseigne au centre de formation Adage, et auprès des élèves en Sport-Etudes Danse des lycées de l’Assomption et de Sainte-Clothilde. Ce sont des moments privilégiés pour moi, j’aime beaucoup ce que ces temps-là font émerger.

En 2014, j’ai repris le chemin de la création et j’ai monté ma compagnie : la Compagnie Wolf. J’invitais alors Clara Furey, une danseuse que j’avais rencontrée à Montréal, pour un duo au Cuvier à Artigues, qui était à ce moment-là un centre de développement chorégraphique.

Plus récemment, j’ai collaboré avec le Trente Trente festival pour lequel j’avais carte blanche avec les étudiants des Beaux-Arts de Bordeaux, c’était une très belle expérience !

Et depuis quelques mois, je fais partie d’un projet de mosaïque d’artiste, qui est un laboratoire que nous avons créé avec de nombreux chorégraphes aux horizons variés, avec lesquels nous avons envie de croire qu’en reliant nos univers très différents, nous apportons un regard plus inclusif au monde. Dans ce collectif, j’ai un duo de partnering avec Vincius, qui m’a permis de faire de belles scènes.

Mais aujourd’hui, pour moi, le challenge c’est le solo. C’est pour cela que j’ai entrepris la création de Love me tomorrow que je présente ce mois-ci au festival Trente Trente.

  • • • Qu’est-ce qui t’amène aujourd’hui au Trente Trente Festival ? • • •

C’est justement la création de mon solo Love me tomorrow qui me permet d’être à l’affiche du Trente Trente.

Avant la première qui aura lieu le 26 Janvier à la BAG, j’ai pu avoir des temps de création à l’Atelier des Marches où j’ai travaillé sur divers éléments, et notamment les costumes.

Je suis très heureuse d’être programmée pendant cet événement car pour moi, Trente Trente est un festival qui prend énormément de risques et qui travaille sur la forme courte, ce qui n’est vraiment pas conventionnel. Ça me fait penser à ce dans quoi j’ai pu baigner à Bruxelles et Montréal. C’est vraiment le seul événement bordelais où je retrouve cela !

Avec Trente Trente, on est à l’instant T, dans des lieux qui sont autres que les quatre murs d’un théâtre. C’est aussi cette «ouverture»-là qui me semble intéressante, avec la possibilité d’aller vers d’autres publics. Ça va aussi au-delà de la danse : il y a des performances complètement inattendues !

Et puis, j’aime beaucoup les temps courts, ça me correspond vraiment.

  • • • Quelles thématiques aborde ta pièce ? • • •

Dans Love me tomorrow, je travaille sur plusieurs axes : l’instinctif, comme par exemple les particules que vont dégager les particules du lieu. Mais je travaille aussi sur la mémoire, qu’elle soit traumatique ou autre, drivée notamment par l’ICV thérapeutique. Ce solo est également une réflexion sur la féminité par rapport à des instants de soumissions. J’essaie d’offrir une traversée de moi-même, de qui je suis au présent.

Comment tout ça traverse ma chair, qu’est ce que ça éveille en moi ? Finalement, j’ai envie de déjouer les codes de la société, de montrer comment on peut « séduire » autrement, proposer une autre définition de la beauté. J’ai envie de proposer une histoire d’avenir de la femme.

Et puis Love me tomorrow c’est aussi être en résonance constante avec l’humain : quels échos entre les regardés et les regardants ?

Ce solo me permet de faire un vrai travail sur les costumes. Comment cache-t-on ce que l’on a à dissimuler ? Mais aussi, comment se sentir bien ? J’avais envie de faire un clin d’œil au travail de Thierry Mugler avec les épaulettes, et pour cela j’ai trouvé un costume dont la matière est similaire à une couette. En dessous de ça, j’ai eu envie d’ajouter des matières transparentes pour évoquer l’idée du corps qu’on essaie de nous faire lisser. C’est un petit peu dans l’esprit du « sous-vide » : on enlève les traces de la féminité mais on y voit encore des défauts, des aspérités.

  • • • Sur quels sujets en particulier vas-tu travailler lors de ta prochaine résidence au festival Trente Trente ? • • •

Pour ma prochaine résidence à la BAG, le cadre est bien dessiné, j’ai enfin mon réel objet scénographique. Maintenant, je veux développer une dernière partie que j’appelle « la tornade de la féminité ». J’aimerais arriver à quelque chose comme l’apaisement à la fin, à la croisée de cette « tornade » et de la « médusa ». J’ai envie de créer une personnalité ravageante.

Et puis, j’ai tout le travail de réalisation sonore que je vais travailler sur ce dernier temps de résidence. Je vais faire un 360 sonore autour de mon corps, notamment avec de l’ultrabass, car chez nous, les femmes, on ressent très profondément les vibrations dans nos chairs. Je sais que c’est un peu égoïste de travailler avec des sonorités comme celles-ci car le public a souvent du mal, mais ça me semble très important pour moi, pour l’état de corps dans lequel je souhaite me trouver.

  • • • Selon toi, pour quelles raisons il ne faut manquer pour rien au monde cette nouvelle édition du festival Trente Trente ? • • •

Tout simplement parce que c’est l’un des seuls festivals de la région où il y a des artistes que l’on n’a pas l’occasion de voir (je pense notamment à Meytal Blanaru / Leila Ka / Samuel Lefeuvre, entre autres).

Ce sont pour ces artistes, ceux qui représentent la danse actuelle, que je pense qu’il ne faut pas manquer cet événement. Et puis Trente Trente ne fait pas dans le consensuel. On est sur quelque chose de plus intimiste et plus sensible je crois aussi.

  • • • L’après Trente Trente, ce sera quoi pour toi ? • • •

J’ai envie de continuer les temps de recherche autour de Love me tomorrow, même si j’ai déjà envie de partir sur une nouvelle création ! Me replonger dans des recherches chorégraphiques me donne vraiment envie. J’ai d’ailleurs un projet avec une musicienne londonienne qui s’appelle Hortense, avec qui nous travaillons sur un projet musique/danse.

Puis je vais tourner également avec ce solo. J’ai déjà une date de prévue sur Paris, donc j’espère qu’il sera possible de présenter ce travail au public parisien.

J’ai aussi ce projet de duo avec Vincius dans la mosaïque d’artistes qui va certainement tourner (nous sommes en train de confirmer des dates à Bruxelles et à Paris).

Sur l’axe pédagogique, j’ai très envie de développer des choses autour du management, je vais voir où cela me mène !

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Love me tomorrow de Sophie Dalès (Compagnie Wolf)
les 26 et 27 Janvier à la Bakery Art Gallery

Page Facebook de la Compagnie

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Le Festival Trente Trente – Les Rencontres
du 18 Janvier au 10 Février

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Programmation complète de Trente Trente

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Photo de Une © Eloise Vene
Création graphique © Happe:n