Festival Vie Sauvage

C’est la fin de semaine, on frise l’implosion. De nos bureaux moroses, on rêve de Vie Sauvage : tee-shirt froissé, mâchouillant négligemment notre petit brin d’herbe fraichement cueilli, tout en nous délectant de mélodies locales. Quoi de mieux pour enchanter notre vendredi et s’aérer l’esprit ailleurs ?

Le spot a de la gueule. On en vient même à se demander pourquoi on ne flemmarderait pas plus souvent dans les parages car, de toute évidence, la Gironde grouille de petits mystères inexplorés. L’asso Dynamo a eu la bonne idée de nicher son festival sur les hauteurs de la Dordogne, à Bourg-sur-Gironde.

Bref, trêve de guide touristique, partons à la conquête de Vie Sauvage pour une soirée poétique et arrosée.

Si notre sac-à-dos est chargé d’un chapeau de paille, d’un micro, et d’un sac de couchage, c’est pour exploiter au mieux le début de l’été, et se faire cajoler les oreilles par les dignes représentants de notre scène locale. La première édition de Vie Sauvage a pour mission de faire bouger nos hanches tout en batifolant dans l’herbe. L’interlude idéal contre un quotidien sans saveur.

Pour bien commencer les festivités, direction la lune. Et oui, c’est le groupe Moon qui ouvre le bal. Ces quatre mecs lunaires, qui ont participé à l’organisation de ce premier festival, nous offrent, entre deux coups de soleil, un son aux confluences du rock et de la pop : savoureux, rythmé, et jovial. Le temps de s’acclimater, et voilà qu’April Shower et ses 5 nanas nous prennent par la main pour nous embarquer dans leur transe sonore, pleine d’humour et de fantaisie. Les parisiens d’Apes & Horses prennent la suite et composent une ambiance planante, à cheval entre sensualité assumée et douceur presque trop pudique. Le rythme cardiaque baisse un peu, une chaleur de velours nous enveloppe. Certainement le résultat de cette belle atmosphère mélodique, mais aussi des bons crus de la région. Puis nous atteignons des sommets avec François & The Atlas Mountains qui nous transportent dans leur rêve, un cran plus rythmé et dansant que les belles esquisses musicales de leur dernier album.

Au fur et à mesure que nous avançons dans la soirée, l’appétit se fait grandissant. Tant mieux, voilà les France Frites. Ce petit groupe encore mal connu diffuse un son décousu, comme dépourvu de toute boussole. Malgré une bonne humeur évidente, on reste un peu sur notre faim. Le coup de tonnerre final est donné par le trio Odei. L’une des originalités d’Odei est d’offrir une performance basée en grande partie sur l’improvisation. Leur set est donc en constante évolution et traversé par des influences variées, à la fois sombres et lumineuses. Un groupe à suivre. Et entre deux concerts le gourou du vinyle, Martial Jesus, nous a déballé un son dansant afin de ne pas perdre le rythme de cette soirée sauvage.

Une première édition pleine d’espoir, où on savoure ce côté « festival de potes ». Un brin nostalgique, le lendemain nous voilà de retour à notre vie non-sauvage. D’ores et déjà, un post-it sur notre frigo nous rappelle qu’il ne faudra pas louper la prochaine édition.

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|RENCONTRE|

Avec François & The Atlas Mountains

Qui est François and the Atlas Mountains ?

François, Amaury, Pierre, Gérard, Jean et parfois Julien qui joue du violon. On est un groupe de cinq jeunes hommes, mi-français, mi-écossais. On fait de la pop moderne.

Que pensez-vous de la première édition de ce festival, Vie Sauvage ?

On est ravis de jouer avec Odei, c’est notre groupe préféré. On va en profiter pour les revoir parce-que c’est un groupe génial qui mériterait de faire encore plus de concerts. D’ailleurs, ils on remixé notre morceau « piscine », on en est très fiers.

Vous êtes la première signature française de Domino Records, comment s’est passée cette collaboration ?

J’ai vécu six ans à Bristol, et j’ai joué avec pas mal de groupes là-bas, dont un groupe qui s’appelait Movietone. Par leur biais, j’ai rencontré les Pastels qui est un groupe culte de pop indé de chez Domino. Ils ont suivi les différents enregistrements que j’ai sorti en auto-production et les ont fait suivre. Quand « Pleine Inondable » est sorti, Domino a eu un coup de coeur pour cet album. Ils sont venus nous voir en concert et c’est comme ça que la collaboration a commencé.

Quels ont été les changements notables en passant de Talitres à Domino ?

Signer chez Talitres présentait déjà une grande forme de crédibilité vis à vis du monde de la musique, mais c’est quand même beaucoup moins connu que Domino, donc ça nous a ouvert énormément de champs. Et puis Domino a de plus gros moyens.

On entends sur votre album des sonorités Africaines, d’où tirez-vous ça ?

Un jour, on a joué dans une salle et il y avait des Dunumbas, qui sont des percussions qu’on a acheté a posteriori. On a joué une version de « piscine » avec ça et on a eu un espèce de coup de foudre sur la manière dont les rythmes s’imbriquaient. Et puis il y a une période où j’ai eu un rejet énorme de la caisse claire et des rythmes binaires de la pop, ça me dégoutait à force de les entendre. J’avais l’impression d’être cantonné à ce rythme là alors j’ai cherché un compromis pour faire évoluer notre musique.

Il parait qu’à une époque tu as failli arrêter la musique, François. Quel a été le déclic pour te relancer dans l’aventure ?

J’ai découvert Unkle Jelly Fish (désormais Archipel) qui est le groupe d’Amaury, le percussionniste du groupe. Eux, ils avaient du temps à Saintes, donc je suis rentré les rejoindre. Leur musique était tellement douce et agréable que ça m’a rappelé mes envies premières de faire de la musique. Cette envie s’était un peu perdue en enchainant les tournées, en dormant sur des canapés tous les soirs dans des endroits pas corrects.

Quel est votre morceau le plus sauvage ?

« The way to the forest »

Quel est l’endroit et le contexte le plus approprié à l’écoute de François and the Atlas Mountains ?

Ici à Bourg-sur-Gironde on est pas mal au bord de l’eau. Après ça dépend vraiment des morceaux. Je crois qu’il y a des morceaux qu’on peut écouter en allant à la plage et d’autres qu’on peut écouter en venant de se faire plaquer, en restant dans son appartement.

Vous êtes plutôt montagne ou piscine ?

Piscine naturelle en haut d’une montagne.

Texte et interviews : Pauline Celle & Lucie Ouvrard